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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0569

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LES FIGURES DE DIVINITÉS. 559

Cnide ; mais nous croyons avoir prouvé qu'elles ne lui ont pas servi de
modèle1.

Jusqu'à preuve du contraire, il nous paraît d'ailleurs peu probable
que l'on retrouve jamais, dans un monument asiatique vraiment
ancien, l'attitude qui caractérise le chef-d'œuvre de Praxitèle. Dans
les antiques simulacres que la Chaldée a transmis à la Phénicie et à
Cypre, le geste appelle l'attention d'une part sur ces flancs qui
reçoivent la semence et qui abritent l'enfant pendant la gestation,
de l'autre sur ces mamelles qui l'abreuveront quand il aura vu la
lumière du jour. C'est une allusion directe et naïvement brutale aux
mystères de la fécondation et de la génération. Tout autres sont
les pensées qu'a voulu éveiller l'artiste grec ; malgré d'apparentes
analogies, le geste n'est plus le même et il n'a plus le même sens; ce
que la main désigne dans le modèle oriental, elle le cache ici comme
par un mouvement instinctif de pudeur; elle fait songer aux senti-
ments les plus délicats que comporte la nature féminine, affinée et
cultivée par la civilisation. La statuette phénicienne représente la
femelle de l'homme ; la Vénus pudique, embarrassée de sa nudité,
gracieuse et décente, représente la femme.

Il est encore une autre variante, très étrange, du type de la
déesse orientale, que, sur la foi d'un texle ancien, on pouvait s'at-
tendre à rencontrer dans l'île. « A Cypre, dit Macrobe, il y a une
image de Vénus qui la représente barbue, avec la stature d'un homme
habillé en femme, et tenant un sceptre en main2 » ; elle aurait,
ajoute-t-il, réuni dans cette effigie les attributs des deux sexes, en
tant que considérée comme à la fois mâle et femelle, « quod eadem et
mas existimatur et femina ». Quelques archéologues avaient voulu
reconnaître cette divinité androgyne dans la belle statue que nous
avons appelée le Prêtre à la Colombe (fig. 349) ; mais celle-ci. telle
que l'a constituée la restauration exécutée au lendemain même des
fouilles &Athiénau, paraît bien plutôt, par les attributs qui la carac-
térisent, rentrer dans la catégorie des images votives que le temple
renfermait en si grand nombre. M. de Cesnola inclinerait à chercher
la Vénus dont parle Macrobe dans une figure votive que lui a fournie,
en double exemplaire, la nécropole d'Amathonte3. La trace des cou-

1. C'est M. Heuzey qui, le premier, en tirant au clair cette question de fabrique et
d'âge probable, a fait justice de l'erreur qui commençait à s'accréditer.

2. Macrobe, Saturnales, III, 8.

3. Cesnola, Cypnis, p. 132.
 
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