Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

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LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

leurs dont étaient peintes ces statuettes y est restée très visible ; on y
distingue du rouge sur les lèvres, du noir à la barbe, aux yeux et
aux sourcils. Or, d'après la photographie qui nous a été envoyée et
les renseignements qui raccompagnaient, le sexe serait marqué très
nettement sur l'argile par une ligne noire tracée au pinceau, ligne
que surmonterait, pour compléter l'indication, une sorte de tache de
la môme couleur. Notre dessinateur a reproduit fidèlement ce que

lui offrait la photographie (fîg. 383); mais nous
n'avons pas vu l'original, et ce qui laisse subsister
quelque doute dans notre esprit, c'est, d'une part,
que la poitrine ne paraît pas celle d'une femme, et,
de l'autre, que le personnage semble vêtu d'une
tunique qui s'arrêterait aux chevilles. Or, malgré ce
qu'il y a de conventionnel dans de pareilles repré-
sentations, la présence du vêtement semble exclure
l'indication du sexe.

Pour qu'il fût vraiment démontré que la plastique
s'est emparée du thème signalé par Macrobe, il
faudrait que l'on eût découvert une ligure dans
laquelle l'intention de l'artiste et les caractères de
l'image seraient indiqués plus franchement, par des
traits plus clairs et mieux accusés. Les apparences
peuvent être trompeuses; la statuette où l'on croit
distinguer cette particularité est restée enfouie,
383 — statuette pendant de longs siècles, dans les profondeurs du
Hauteur, 0^,15. sol, au milieu d'objets et de terres dont le contact
Terre cuite. Dessin de Peut avoir produit la coloration locale à laquelle on
Saint-EimeGautier. prétend attacher une signification si précise.

Nous n'insisterons clone pas, pour le moment,
sur ce type bizarre ni sur les idées dont il aurait été l'expression ;
nous avons hâte de reprendre et de continuer, avec des documents
dont l'authenticité ne saurait être contestée, l'étude des formes que
prend, dans la statuaire de l'île, cette grande déesse à laquelle étaient
consacrés les plus célèbres des temples cypriotes. Jusqu'ici, nous
l'avons vue représentée dans une nudité partielle ou complète ; mais,
à mesure que le modeleur sut mieux son métier et ne fut plus arrêté
par les difficultés techniques, il entreprit aussi de montrer la déesse
sous un autre aspect : il voulut la figurer couverte de ces riches bijoux
et de ces vêtements brodés que, dans les temples, prêtres et prêtresses