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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0572

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562

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

ornement dont l'étrangeté n'est pas sans causer d'abord quelque sur-
prise. Dans la statuette que nous avons sous les yeux et dans d'autres
fragments que nous avons examinés de très près, cet ornement ne
saurait se confondre avec les cheveux sur lesquels il s'applique ; il
s'en distingue par un contour très nettement tracé comme par la colo-
ration qu'il a reçue; ainsi, dans cette figurine, il était peint en rouge.
Ce que l'artiste a donc voulu représenter, ce que l'on reconnaissait
aisément là où les yeux étaient habitués à cette parure, c'était une
pièce indépendante, une sorte de conque en or, en argent ou en
bronze doré. Sur la face convexe de l'objet, on distingue des godrons
comme ceux que donne, au repoussé, le travail du marteau. Dans
une des têtes du Louvre, où, grâce à la dimension de la figure, ce
détail est le plus clair, on voit passer, en dessous de cette coquille,
la boule qui fait pendant d'oreille. Gomment ce bijou tenait-il en
place? Il pouvait être fixé dans les cheveux à l'aide d'une épingle;
peut-être encore était-il attaché à des crochets passés dans ces trous
que plus d'une figure phénicienne nous montre percés à travers le
lobe supérieur de l'oreille1! Quoi qu'il en soit, nulle part ailleurs, dans
les monuments de l'antiquité, on ne trouve trace de cette mode qui
paraît avoir été toute locale. C'est ce qui nous a décidés à insister sur
une particularité qui ne se laisse saisir et comprendre que sur les
originaux, sur ceux surtout qui n'ont pas perdu toute trace de cou-
leur2.

Revenons à notre statuette. Sur la gorge, par-dessus une sorte
de pectoral qui a la forme d'une bavette, s'étale un ample collier à
plusieurs rangs qui la couvre tout entière. La robe est pourvue, au
poignet, de manchettes que décorent des dessins en zigzag. Sur
l'idole ici figurée en raccourci comme sur le corps des femmes
cypriotes de haut rang, c'est en or que devait être toute cette parure;
les pâtes de verre, les cornalines et le cristal de roche se mêlaient à
l'éclat du métal, dans la composition du collier, et l'aiguille du bro-
deur avait déployé tout son luxe pour orner le vêtement. L'ensemble
était d'une richesse singulière, mais qui n'allait pas sans quelque
lourdeur; le cou n'est pas visible, et la tête, au milieu de tous ces
joyaux qui touchent au menton, paraît un peu engoncée.

La figurine que nous venons de décrire ne nous donne que la

1. Hisloire de l'Art, t. 111, p. 465.

2. Cela rappelle les plaques d'argent que portent, à peu près de la même manière,
des deux côtés du visage, les femmes de la Frise, en Hollande.
 
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