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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0586

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576 LA PHENICIE ET SES DÉPENDANCES.

d'Hercule1. Quoi qu'il en soit, on a découvert à Golgos les restes d'au
moins trois groupes qui représentaient ce géant. Toutes les têtes
manquent au plus grand de ces groupes, tandis qu'elles sont con-
servées, au moins partiellement, dans les deux plus petits ; si nous
reproduisons le plus mutilé, c'est que l'on y remarque des détails
assez curieux (fig. 388). Ainsi les trois boucliers sont décorés de
figures dont les contours ont beaucoup souffert, mais où l'on distingue
pourtant des guerriers armés de la lance et du bouclier rond. Au-
dessous, sur ce qui doit être une sorte de cuirasse, deux personnages
luttent contre des lions ; leur coiffure et leur vêtement court semblent
les désigner comme des Egyptiens. Quant à l'ensemble de la figure,
il est d'une exécution très lourde ; les trois jambes gauches sont nues
et portées en avant; les jambes droites, maintenues en arrière, ne
sont qu'ébauchées. Sans doute c'était une donnée très ingrate, pour
la sculpture, que celle de ce personnage triple et un ; mais il ne
paraît pas que l'artiste cypriote ait rien tenté pour esquiver ou pour
atténuer les difficultés inhérentes au thème qu'il se chargeait de
traiter.

Il n'y a rien, dans le mythe de Géryon, qui suggère la pensée
d'une origine phénicienne ; jusqu'à preuve du contraire, nous devons
donc le tenir pour hellénique, de fond et de forme. De cette obser-
vation, il résulte que les monuments où paraissent Géryon et ses
troupeaux sont postérieurs au temps où l'écho de la poésie grecque
avait commencé de retentir jusque dans ce royaume de Kition qui
était la partie la plus phénicienne de l'île. Cependant, parmi les
statues recueillies sur l'emplacement de ce qui paraît avoir été un
temple d'Hercule, il en est encore dont la physionomie diffère assez
sensiblement de celle des Hercules de l'âge classique. Voyez par
exemple cette statuette à laquelle manquent les bras (fig. 389)2; nous
serions assez embarrassés pour lui assigner une date, même approxi-
mative. Le visage maussade et farouche, la peau de lion qui enveloppe
la tête et .les épaules, la tunique courte qui descend jusqu'au genou
et sur laquelle s'applique un vêtement de dessus, les jambes nues,
tout cela est d'une facture pesante et molle; cette figure doit être
moins ancienne que le bas-relief de l'enlèvement des troupeaux, où

1. Hésiode, Théogonie, v. 287 et suivants. D'autres traditions localisaient ce mythe en
Épire, aux environs d'Ambracie ou d'Apollonie (Hécaïée, fragm. 313. Scylax, Périple,
p. 26); mais on ne voit pas qu'il ait jamais rien eu à faire avec la Phénicie ou avec l'île
de Cypre.

2. Cesnola, Cyprus, pp. 155-156.
 
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