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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0609

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LES ANIMAUX. 599

l'emploi de ces formes composites qui permettent d'exprimer des idées
plus compliquées. On rencontre en effet souvent dans ses ouvrages ces
formes factices, où sont réunis des traits empruntés à des animaux
différents. Il en est que l'historien de l'art trouve pour la première fois
sur son chemin à Cypre : c'est le cas pour la Chimère, qui, d'après les
poètes grecs, serait originaire de l'Asie Mineure (fîg. 215). D'autres
formes nous étaient déjà connues ; elles ont été empruntées à l'Orient,
par l'intermédiaire de la Phénicie; telle est, par exemple, celle du
sphinx ailé, dont les ornemanistes cypriotes ont fait un usage si fré-
quent (fig. 151, 152). C'est del'Égypte, où il servait à représenter l'âme
du mort, que provient le type de l'oiseau à tête humaine1; nous
l'avons déjà vu dans un édicule en terre cuite, où trois de ces images
sont placées, l'une près de la porte, et les deux autres près des
fenêtres latérales (fig. 208)2. Il y a aussi, parmi les terres cuites
de Dali qui appartiennent au Louvre, un oiseau à tête de femme, qui
enlève dans ses bras un enfant ou une petite figure humaine3. C'est
le type dont les Grecs s'empareront pour en faire l'image tantôt de
leurs Harpyies, tantôt de leurs Sirènes; mais la sculpture cypriote en
offre une curieuse variante, qui suffirait à témoigner de l'origine égyp-
tienne du motif. « En Egypte, cet oiseau symbolique a des mains, qu'il
porte ordinairement à ses lèvres, pour diriger et pour boire le filet
d'eau céleste, versé par la déesse Hatlior; son sexe est celui même du
défunt, et son menton est souvent pourvu de la barbiche, qui lui donne
un caractère viril4. » Or un monument cypriote représente de même
l'oiseau à tête humaine pourvu de bras, et avec une barbe carrée
(fig. 410) ; les doigts se portent aussi vers la bouche ; mais ce n'est pas
pour recueillir les gouttes du breuvage qui donne la vie, c'est pour
soutenir et pour faire glisser devant les lèvres l'instrument qui est
connu sous le nom de flûte de Pan. Chez les Grecs, ce qui caractérise
la Sirène, c'est sou chant; le sculpteur a donc voulu représenter une
Sirène, mais, si l'on peut ainsi parler, une Sirène mâle ; de son temps,
la plastique hésitait donc encore sur le sexe qu'il convenait d'attribuer

1. Histoire de l'Art, t. I, fig. 38.

2. A vrai dire, il n'y a qu'une de ces figures dont le buste soit modelé et laisse
reconnaître le corps et les ailes de l'oiseau; c'est celle qui, debout près de la porte, est
le plus en vue (Heuzey, Catalogue, p. 155); mais si le potier a traité d'une façon plus
sommaire et plus expéditive les deux figurines dont la tête seule était aperçue par le
spectateur, il ne s'ensuit point qu'elles n'aient pas eu, dans sa pensée, le même caractère.

3. Heuzey, Catalogue, p. 155.

4. Heuzey, Sur les origines de ïindustrie des terres cuites (mémoire lu dans la séance
publique annuelle de l'Académie des inscriptions, le 17 novembre 1882).
 
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