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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0611

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LES ANIMAUX.

601

tous ces objets que d'après le caractère de l'exécution. Or l'industrie
dont les produits variés sont sortis de ce cimetière était certainement
très primitive; on y devine bien, à certains traits, l'influence de la
civilisation phénicienne ; mais il ne semble pas que celle du génie
grec s'y fasse encore sentir. Autant donc que ce critérium permet une
conjecture probable, il y a lieu de croire ces figures de Centaures
antérieures aux plus anciennes môme de celles qui proviennent des
fouilles faites en Grèce.

On a pourtant affirmé que le type du Centaure était une création
du génie grec1. On a même soutenu que les Aryens avaient en quelque
sorte inventé le cheval; les premiers, a-t-on dit, ils auraient eu l'idée
de tous ces êtres factices dans la composition desquels entre le corps
de cet animal; on a été chercher jusque dans les Véclas l'explication
de cette particularité"2. La Grèce, on ne saurait le nier, assigne au
cheval, dans sa mythologie figurée, un rôle plus important et plus en
vue que ne l'avait fait l'art oriental; mais cette différence peut s'expli-
quer peut-être d'une manière très simple, sans qu'il soit nécessaire
de remonter si haut ni de faire intervenir ici cette considération de la
race, qui, de nos jours, a servi de prétexte à tant de conjectures gra-
tuites. Le cheval n'a été domestiqué que bien après le bœuf; l'Egypte,
la Chaldée et l'Assyrie n'ont commencé d'atteler et surtout de monter
le cheval que lorsqu'elles avaient imaginé, depuis longtemps déjà, les
formes qui leur servaient à traduire leurs conceptions religieuses;
quand ce changement s'est introduit dans leurs habitudes, elles avaient
déjà constitué la série des types où puisaient leurs ornemanistes. Une
fois adoptés et fixés par la tradition, ces répertoires ne changent
guère; ils ne se renouvellent et ne s'enrichissent que dans une bien
faible mesure. Au contraire, lorsque l'art, chez les Grecs, s'est mis à
l'œuvre pour prêter un corps à ces démons et à ces dieux dont l'image
avait été esquissée par la poésie, le cheval était partout, dans le monde
hellénique, le serviteur et le compagnon de l'homme. On se rappelle,

1. C'est l'opinion de M. E. Curtius. Dans son mémoire intitulé Das Archaïschc Bronze-
relief ans Olympia (dans les Mémoires de l'Académie de Berlin, 187'J, p. 20), il s'exprime
ainsi : « Das Wild (der Kentaur) das hier verfolgt wird, ist ekie Mischgestalt griechischen
Erfindung. » Dans son intéressante étude sur les Représentations des Centaures dans les
peintures des vases grecs (Journal of HeMenic studies, t. I, pp. 107-167), M. Sydney Colvin
est du même avis : « The notion of the Centaur is of Greek and not of Asiatic origin, »
p. 128.

2. C'est ce que fait M. Adrien Wagnon dans son ouvrage intitulé : Egypte et Grèce, ou
comparaison des œuvres de sculpture chez les Grecs et chez les Egyptiens, hi-8°. Cenève,
1884.

TOME 111. 70
 
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