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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0612

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

dans Y Iliade, ces coursiers des héros qui pleurent sur leur mort et qui
parlent d'une voix humaine; un siècle ou deux plus tard, quand parais-
sent les vases à figures noires, on voit aussitôt les cavaliers armés de
la lance courir autour de la panse des amphores ou des cratères.

On ne s'étonnera donc pas que l'imagination grecque ait fait au
cheval, dans ce monde idéal de la mythologie et de l'art, une place
qui correspondit à celle qu'il occupait dans la vie réelle de la nation;
mais on se tromperait d'ailleurs en affirmant que la faune ornementale
et mythologique de l'Orient n'a pas connu cet animal. Sans doute ou
ne le rencontre pas dans celle de l'Egypte; tous les traits du sym-
bolisme plastique de l'art égyptien avaient été fixés avant que le
cheval fût acclimaté dans la vallée du Nil, et ce peuple était trop
conservateur pour rien changer et rien ajouter, dans la suite des
siècles, aux cahiers dont se servaient ses scribes, aux patrons sur
lesquels travaillaient ses sculpteurs 1 ; mais il n'en est pas de même chez
les Chaldéens et chez les Assyriens. Quoique les origines en soient
aussi très anciennes, leur art ne semble pas remonter à une antiquité
qui soit comparable à celle de l'Egypte et, dans le cours des âges,
il a plus volontiers admis des éléments nouveaux. Nous ne savons pas
à quel moment le cheval fit son apparition en Mésopotamie; mais ce
qui est certain, c'est que, là du moins, ce quadrupède a fourni, lui
aussi, quelques-uns des éléments de ces types factices qui, créés
d'abord pour traduire certaines conceptions religieuses, ont fini par
devenir de purs motifs d'ornement.

On connaît le passage souvent cité de Bérose dans lequel il décrit
les formes hybrides par lesquelles, selon la tradition de son peuple,
la vie aurait commencé sur la face de la terre 2. Dans la liste des
monstres qu'il mentionne figurent des « hommes à pied de cheval et

1. Le dernier mol sur la question, dans l'état actuel des documents, a été dit par
M. E. Lefébure (Annuaire de la Faculté des lettres de Lyon, deuxième année, fascicule I.
Histoire et géographie, p. 1 ; Sur Vancienneté du cheval en Égypte). 11 reconnaît qu'aucun
monument n'atteste la présence du cheval en Égypte au temps de l'Ancien Empire; il
croit pouvoir prouver qu'il y était déjà connu et acclimaté sous les princes thébains du
Moyen Empire; mais il admet qu'il n'y a été employé à la guerre que sous le Nouvel
Empire, vers l'époque de la XVIIIe dynastie. Acceptons ses conclusions; il n'en reste
pas moins vrai que le répertoire des types où puisait l'artiste égyptien avait été clos
bien avant le moment où le cheval se répandit dans la vallée du Nil. Toutes les recherches
de M. Maspero tendent à démontrer qu'il n'y a pour ainsi dire rien dans l'Egypte des
Toùtmès et des Ramsès dont la formule n'ait été donnée par l'Ancien Empire; l'esprit
seul diffère, dans une certaine mesure.

2. Dans les Fragmenta historicorum grœcorum de C. Muller (édition Didot), t. 11,
fragment I.
 
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