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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0622

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612 LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

l'on allât demander à celles-ci le marbre que Cypre ne fournissait pas1.
Il ne faudrait d'ailleurs pas chercher dans l'emploi des chars de guerre,
emploi dont témoigne notre bas-relief, l'indice d'une haute antiquité;
l'usage s'en était conservé, chez ce peuple, bien plus tard que chez les
autres Grecs; on les voit encore figurer dans la grande bataille qui se
livre devant Salamine, vers le commencement du cinquième siècle, au
temps de la révolte de l'Ionie2.

C'est aussi dans le symbolisme funéraire de la Phénicie qu'il faut
chercher le sens des images et des scènes figurées sur les parois de la
cuve. On sera peut-être tenté de voir, dans les bas-reliefs des deux
grands panneaux, la représentation de quelque événement historique,
du départ pour la guerre ou de la rentrée triomphale d'un prince, de
celui-là même qui, dans le premier char, a le parasol ouvert au-dessus
de la tête. Cette interprétation est la première qui se présente à l'es-
prit; il y a pourtant de bonnes raisons pour ne pas s'y arrêter. Si le
sculpteur avait voulu peindre le monde réel, aurait-il coupé en deux
ce tableau, y aurait-il inséré des figures qui ont certainement un
caractère religieux et mystique? D'ailleurs ces fantassins, ces cavaliers,
ces chars de guerre et de promenade, ne les retrouvons-nous pas,
d'argile ou de pierre, en Phénicie comme à Cypre, clans des centaines
de tombes, là où rien n'indique l'intention de rappeler des souvenirs
glorieux et de perpétuer le souvenir de quelque expédition ou de
quelque conquête? Ici, l'idée que l'artiste a voulu traduire, c'est celle
que nous ont déjà laissé deviner tous les petits monuments auxquels
nous venons de faire allusion; c'est l'idée du grand voyage, du voyage
sans retour, que le mort accomplit entouré de tous ceux qui lui fai-
saient cortège sur cette terre, dans le même appareil et avec la même
pompe. Rien de plus naturel alors que l'intervention de ces dieux qui
paraissent là comme pour guider le défunt dans cette migration
suprême et pour le protéger contre les dangers qu'il y pourrait ren-
contrer. C'est, d'un côté, la déesse mère et nourrice, dont les seins
gonflés de lait sont une promesse de résurrection et de vie ; de l'autre
côté, c'est ce dieu dont l'image était en Egypte un symbole de joie;
pour cette raison, elle y était associée, dans les tombeaux et particu-
lièrement sur les chevets funéraires, aux idées de résurrection, que
Bes représentait aussi comme gardien de l'un des pylônes de la

1. Il y a dans cette nécropole d'Amalhonte des sarcophages tout unis en marbre blanc
[Gyprus, p. 269).

2. Hérodote. V. 113.
 
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