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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0625

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LES BAS-RELIEFS DES SARCOPHAGES. 615

région infernale1. Un petit monument de faïence émaillée, qui pro-
vient sans doute de quelque tombe, nous avait déjà montré Bes en
relation étroite avec cette même déesse (fîg. 279); on a conjecturé,
avec beaucoup de vraisemblance, que, dans le groupe en question, elle
jouait le rôle de la mère du jeune dieu2. Rappelez-vous ces bas-reliefs
assyriens qui représentent les vaincus emmenés, sous la garde des
soldats, vers le lieu de la captivité; les femmes portent quelquefois
ainsi leurs enfants affourchés sur leurs épaules3.

Quel que fût le lien établi par la croyance entre Bes et cette sorte
d'Aphrodite funéraire, il est certain que ces deux divinités se montrent
à nous rapprochées dans le groupe de terre vernissée comme sur les
panneaux de notre sarcophage; on peut en inférer que, chez les Phé-
niciens, toutes les deux étaient placées en première ligne, dans la
religion de la tombe. Ce que ces remarques ont dû mettre aussi en
lumière, c'est l'importance et le haut intérêt du monument que nous
venons de décrire ; on y reconnaît un ouvrage exécuté sous l'empire
d'idées et de traditions phéniciennes, mais par un artiste qui s'est
formé à l'école de la Grèce. Amathonte était et est restée très tard,
après Kition, la ville cypriote où l'élément sémitique gardait la pré-
pondérance la plus marquée ; mais là pas plus qu'ailleurs on ne
pouvait se soustraire à l'action de cet art qui, dès la fin du sixième
siècle, commence à faire sentir à tous les peuples qui sont en contact
avec la Grèce l'ascendant de son grand style et de sa libre origi-
nalité.

L'influence de l'archaïsme grec est encore plus sensible dans
l'autre sarcophage, dans celui à'Athiénau (fig. 419,420 et 421). Celui-ci
n'est pourtant pas, comme le sarcophage d'Amathonte, en marbre
grec; il est en pierre calcaire du pays, et les lions rampants, qui
ornent les quatre angles du couvercle, sont bien dans la tradition de
l'architecture funéraire cypriote; nous les avons vus servir ainsi de
couronnement à maintes stèles de la même provenance (fîg. 54, 407).
C'est par l'emploi de cette matière comme par le choix de cette forme
décorative que le monument porte témoignage de son origine.

A cela près, il semble que rien n'ait plus ici le caractère oriental
ou même purement cypriote. Sur les quatre sujets qui se répartissent

1. Mariette-Bey, la Galerie de l'Égypte ancienne au Trocadéro, 1878, p. 116.

2. Heuzey, Sur quelques Représentations du dieu grotesque appelé Bes par les Égyptiens
(dans Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions, 1879, pp. 140-149).

3. Voir une plaque exposée dans le vestibule du Musée assyrien, au Louvre.
 
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