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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0631

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CARACTERES GENERAUX DE LA STATUAIRE CYPRIOTE. 621

donc fallu diviser et subdiviser la matière que nous avions à traiter.
Le lecteur risquait peut-être de perdre ainsi de vue l'ensemble et les
caractères généraux; il convient donc de les lui rappeler, pour qu'il
puisse juger cet art dont les monuments principaux lui ont passé sous
les yeux.

Cette sculpture n'a rien de spontané ni de personnel; l'invention et
la puissance y font défaut. Elle débute par des figures barbares; ce sont
de vrais ouvrages d'enfant, et encore, tout grossiers qu'ils soient, y
sent-on le désir d'imiter des types créés par l'Orient. Plus tard, quand
la statuaire cherche à se développer, elle s'inspire des modèles égyp-
tiens et assyriens, puis des modèles grecs; jamais elle n'arrive à
conquérir la liberté de ses allures et sa pleine indépendance ; elle imite
toujours.

La statuaire cypriote n'a donc pas eu de style, au vrai sens du mot;
elle n'a pas donné de la forme vivante une interprétation qui lui soit
personnelle; mais elle a eu des habitudes et des conventions assez
particulières pour que ses œuvres offrent toutes un certain aspect plus
facile à sentir qu'à définir, et comme un air de famille, auquel ne se
trompe pas l'œil d'un connaisseur. Cette physionomie spéciale, elles la
doivent à des circonstances toutes secondaires, au parti que cette
statuaire a pris de ne tailler que le calcaire tendre du pays, au mélange
même de ces motifs d'emprunt qu'elle a fondus ensemble dans ses monu-
ments, enfin aux singularités du costume cypriote et aux mœurs du peuple
pour lequel travaillaient ces artistes. La nature de la pierre explique cette
exécution à la fois minutieuse et molle que nous avons signalée; parmi
les figures que le ciseau a tirées du calcaire de Cypre, il y en a bien
peu qui ne se caractérisent point par cette facture toute spéciale. De
même aussi, nulle part ailleurs on ne trouverait, dans des statues où
se laisse déjà deviner l'influence de l'archaïsme grec, des détails de
coiffure, de vêtement et de parure dont les uns ont été pris à l'Egypte
et à l'Assyrie, tandis que les autres tiennent à des modes locales, assez
différentes de celles qui prévalaient, vers la même époque, dans le
monde de la vraie Grèce, au sein de cette civilisation dont les sentinelles
avancées, vers l'est, étaient Rhodes et la Crète. Les Grecs de Cypre
avaient certains ajustements dont nous n'avons pas rencontré et dont
nous ne rencontrerons pas d'exemple hors de l'île; ils paraissent ne
pas s'être beaucoup plus livrés que leurs voisins de Kition ou d'Ama-
thonte aux exercices gymnastiques et ne s'être jamais accoutumés à la
nudité de la palestre; aussi, alors même qu'ils eurent reçu les leçons
 
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