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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0632

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LA PHÉ^ICIE ET SES DÉPENDANCES.

des maîtres grecs, les sculpteurs cypriotes n'acquirent-ils pas la science
et le goût du nu; leur sculpture resta toujours une sculpture habillée.

C'est aussi une sculpture monotone et sans variété. 11 semble que
l'on n'ait taillé la pierre que pour honorer les dieux et pour perpé-
tuer la mémoire d'un acte de piété ; jamais le sculpteur n'y a copié la
nature pour elle-même, pour le plaisir de rendre la beauté de la
forme et celle du mouvement. Presque toutes les statues n'ont
qu'une seule et même attitude, celle du repos. Les pieds sont rappro-
chés ou ne sont séparés que par un intervalle très étroit; il est très
rare que la figure marche ou que son poids porte sur une jambe plutôt
que sur l'autre. Rarement aussi les bras sont détachés du corps. Le
plus souvent ils tombent droits le long des hanches ; presque toujours
l'un d'eux tout au moins a cette position ; l'autre alors est replié contre
la poitrine. Quand l'artiste s'est affranchi de cette règle, c'est l'avant-
bras seulement qu'il s'est permis d'infléchir et de mettre en saillie. Cet
archer, d'une assez belle allure, qui, un genou en terre, bandait son
arc, ce n'est plus, quoiqu'il ait été trouvé à Golgos, une figure cypriote,
c'est une figure toute grecque de conception et de travail1; elle sort
tout à fait de la tradition à laquelle sont restés fidèles tous les sculpteurs
inconnus dont nous avons reproduit les œuvres.

De ces partis pris et de ces habitudes plusieurs fois séculaires
résulte un effet assez singulier : la sculpture cypriote n'est pas originale
et pourtant, à première vue, elle donne l'illusion de l'originalité. C'est
ce qui fait comprendre que l'on ait parfois voulu voir des portraits dans
certaines des têtes qui proviennent des fouilles $Athiënau et de Dali9-.
11 est vrai que toutes ces têtes ne sont pas pareilles; avec quelque
industrie, en prenant celles qui diffèrent le plus les unes des autres,
on pourrait faire un choix de figures qui semblerait confirmer cette
idée ; mais l'impression est tout autre quand on a sous les yeux et que
l'on passe en revue beaucoup de ces monuments, des suites comme
celles que possèdent les musées de Paris et de New-York. Voici ce que
l'on reconnaît alors : chacune des variétés que l'on a remarquées se
trouve représentée, dans la collection, par nombre d'autres images;
celles-ci semblent autant de répliques de la tête à laquelle on était
tenté d'attribuer un caractère individuel ; elles ne s'en distinguent que

1. Cesnola, Cyprus, p. 135.

2. C'est ce qu'a soutenu Fr. Lenormant. Voir son article, signé E. de Chanot, et inti-
tulé : Statues iconiques du temple d'Athiénau, dans l'île de Cypre, p. 197 [Gazette archéo-
logique, 1878, p. 192-201).
 
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