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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0633

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CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA STATUAIRE CYPRIOTE. «23

par les dimensions et par des nuances imperceptibles. Le sculpteur
n'a pas figuré de la même manière un jeune homme et un homme fait
ou un vieillard; de plus, les types qu'il avait adoptés en vue de définir
chaque âge et chaque situation se sont encore modifiés avec le temps
et aussi peut-être suivant les lieux, selon que c'était l'influence assy-
rienne, l'égyptienne ou la grecque qui dominait à tel moment et dans
tel district. Avec les têtes qui ont été exécutées sous l'une ou sous
l'autre de ces influences et probablement dans un même atelier, on
formerait des groupes nettement définis, dans chacun desquels il y
aurait, entre les pièces dont il se composerait, une ressemblance très
frappante; cette ressemblance serait telle que, si ces figures étaient en
argile au lieu d'être en pierre, on pourrait presque y voir plusieurs
épreuves sorties d'un même moule.

Les types gardent donc ce caractère abstrait et général que l'on
rencontre dans les ouvrages de toutes les écoles où le sculpteur, au
lieu de se placer en face même de la nature et de l'interroger avec une
sincérité curieuse et naïve, accepte des conventions auxquelles il n'est
pas arrivé par le propre effort de son génie. C'est ainsi que nous trou-
vons ici la placidité un peu débonnaire de la face égyptienne (fig. 355),
là le nez busqué du Sémite (fig. 350), ailleurs des traits qui, par leur
heureuse proportion et leur noblesse, rappellent ceux de la race
grecque la plus pure (fig. 371, 372). Est-ce à dire que l'artiste n'ait
jamais ouvert les yeux, qu'il n'ait tenu aucun compte des particularités
que lui offraient les visages qu'il était censé copier? Nous n'irons pas
jusqu'à le prétendre. Ce sculpteur n'était sans doute pas réaliste, dans
le bon sens du mot, comme l'avait été le sculpteur égyptien et comme
le sera le sculpteur grec; trop préoccupé des exemples qui lui venaient
du dehors, il n'a même pas su, comme le sculpteur assyrien, dégager
nettement les traits caractéristiques du type national; mais cependant
la réalité n'a pas pu ne point projeter son ombre et comme son reflet
sur l'œuvre qu'il a poursuivie pendant des siècles. A travers toutes
les formes purement conventionnelles qui s'expliquent par l'imitation
successive et parfois simultanée des modèles étrangers, on devine,
dans la tête de ses statues, quelques-uns des traits par lesquels devait
se distinguer la population de l'île, où s'étaient mêlés des éléments
très divers empruntés à l'Afrique, à la Syrie, à l'Asie Mineure et à la
Grèce. Sous toutes les réserves qu'impose à l'historien l'étude de monu-
ments dans lesquels la manière apprise et voulue joue un si grand rôle,
on peut dire que la race issue de tous ces croisements n'était pas très
 
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