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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0637

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CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA STATUAIRE CYPRIOTE. 627

et d'autres peut-être qui sont du cinquième ou du quatrième siècle; au
retour de leurs pèlerinages, les dévots de l'Aphrodite paphienne rap-
portaient ces statuettes et les répandaient dans tout le bassin de la
Méditerranée. Nous avons repoussé l'hypothèse d'après laquelle une
d'elles aurait suggéré à Praxitèle l'idée du geste pudique et charmant
qui caractérise son plus célèbre chef-d'œuvre; mais si, depuis
Phidias, les sculpteurs grecs ont commencé à dévêtir leur Aphrodite,
découvrant d'abord l'épaule et une partie de la gorge, puis le torse
jusqu'aux hanches et enfin, avec Praxitèle, le corps tout entier,
n'est-il pas permis de croire que leur attention et leurs efforts ont pu
être tournés de ce côté par la vue de ces figurines? En Asie Mineure
et à Cypre, ils les trouvaient partout; plus d'une a dû d'ailleurs venir
chercher leur regard à domicile, jusqu'en pleine Attique. Les mar-
chands de Sidou, de Tyr et de Kition n'avaient-ils pas leurs temples au
Pirée? Ces idoles asiatiques, toute grossière qu'en fut l'exécution,
offraient à l'artiste un thème non encore traité par ses prédécesseurs,
un thème qui prêtait à des effets nouveaux; peut-être fut-ce ainsi que
s'éveilla chez le statuaire l'idée et l'ambition de présenter au monde
grec une Aphrodite différente de celle dont les statues avaient
jusqu'alors occupé seules la place d'honneur dans les sanctuaires de
la déesse.

Quoi qu'il faille penser de cette conjecture, il est certain que
l'Aphrodite grecque du quatrième siècle est encore et qu'elle restera
jusqu'au jour de sa mort la même personne divine que cette antique
déesse de la nature qui, quelques milliers d'années plus tôt, avait
vu ses premiers temples s'élever sur les bords de l'Euphrate ; mais, en
prenant de l'âge, cette immortelle, au lieu de vieillir, a rajeuni; sa
chair s'est comme transfigurée, pour offrir à l'admiration des hommes,
dans un modèle accompli de tout point, la perfection même des formes
féminines. A la même heure, son âme, après avoir dormi longtemps
du sommeil de l'enfance, s'est enfin éveillée ; elle s'est ouverte à des
sentiments qu'elle n'avait pas connus jusqu'alors, et ceux-ci, traduits
avec goût, par un art ingénieux et savant, ont encore ajouté quelque
chose h la merveille de ce corps sans défaut ; ils y ont mis l'expression.

Entre les plus anciennes images de la déesse orientale, les unes
naïvement impudiques, avec leur nudité provocante, les autres écra-
sées sous une parure trop étoffée, entre ces idoles grossières ou manié-
rées et les chefs-d'œuvre de Praxitèle, il y a tout l'effort d'invention
du génie grec, toute son ardeur patiente, toute son adresse à tirer
 
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