Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

LA GLYPTIQUE, 637

lui, d'après l'écriture et la langue de la légende, deux de ces cylindres
remonteraient au premier empire chaldéen; quant au troisième, il
l'attribue à l'époque des Sargonides; il y voit un de ces sceaux où les
scribes babyloniens, dans les derniers temps de la monarchie, gra-
vaient, par affectation d'archaïsme, des textes écrits avec des signes
qui n'étaient plus alors d'un usage courant. Nous nous demandons si,
pour le dernier tout au moins de ces monuments, une autre hypo-
thèse n'est pas plus vraisemblable.

Le cylindre dont il s'agit est en cristal de roche et de grande di-
mension (fig. 427). Le sujet en est des plus simples; il n'y a qu'un
personnage qui porte le costume ordinaire des prêtres chaldéens et
dont l'attitude est celle de l'ado-

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tion de huit lignes, composée de
caractères qui, nous dit-on, « ne
sont pas bien formés; il en est,
dans le nombre, qu'il est tout à
fait impossible de découvrir ».
Peu!-être aura-1-on quelque
peine h s'expliquer ces méprises

si l'on admet que l'ouvrage est 427. - Cylindre. Musée de New-York.

bien de fabrique chaldéenne ; au

contraire, rien de plus naturel, si nous ne voyons ici qu'un pastiche
exécuté à Cypre, par un artiste s'appliquant à copier un vieux cache!
chaldéen. Ce qui nous dispose à accepter cette conjecture, c'est un
détail que nous avons tout exprès différé jusqu'ici de signaler : c'est
ce couple de sphinx ailés qui occupe la partie supérieure du champ,
au-dessus de la tête du prêtre. L'ouvrier avait jusqu'alors imité avec
soin un modèle étranger qu'il avait sous les yeux; mais, au moment
de terminer son travail, il trouva que l'ensemble aurait meilleur air s'il
remplissait la partie qui restait vide, dans le compartiment réservé
pour la figure; ce qu'il ajouta, ce fut un groupe dont il n'eut pas à
chercher si loin l'idée et la disposition. Le sphinx ailé paraît bien en
Assyrie, au temps des Sargonides, après la conquête de là Syrie et de
l'Egypte ; mais quand les architectes l'y emploient comme base de
colonne, il n'a pas ces proportions fines ni ces ailes relevées qui le
distinguent ici '; on ne le rencontre, avec cette physionomie, que dans

1. Histoire de l'Art, t. II, fig. 83, 84, 85.