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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0733

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LA CÉRAMIQUE CYPRIOTE. 723

un brun sombre qui va du noir au bistre, et un rouge sans éclat; seuls,
quelques vases àJOrmidia ont des rouges assez francs que le peintre,
pour les faire ressortir, a cernés d'une ligne noire1. Les touches de
blanc sont rares; on en rencontre parfois, mais de très discrètement
posées, dans quelques vases tout particulièrement soignés (fîg. 509)2.

Un autre phénomène qui n'est pas ici moins digne d'attention,
c'est la multiplicité des formes et leur étrangeté. Dans une collection
qui fut exposée par M. de Cesnola, en 1870, h Paris, M. Froehner, qui
en avait préparé le catalogue, ne comptait pas, dit-il, moins de deux
cent soixante-dix-neuf variétés. Il ajoute à ce propos ces réflexions
judicieuses3 : « L'histoire de la céramique ancienne présente ce fait
singulier qu'au début de l'art les formes des vases sont innombrables
et qu'elles sont souvent d'une bizarrerie et d'une hardiesse d'invention
qui nous étonne à juste titre ; plus tard, surtout pendant la belle époque,
elles deviennent plus élégantes; mais leur nombre se réduit presque
au strict nécessaire. A partir de l'âge de la décadence, sous les suc-
cesseurs d'Alexandre, les formes recommencent à se multiplier outre
mesure et à suivre tous les écarts de la fantaisie des artistes .»

La marche que les arts plastiques suivent dans leur développement
et dans leurs créations successives est bien en effet celle que, d'après
certaines théories très en faveur aujourd'hui, la nature même aurait
suivie dans le long enfantement d'où se sont dégagées, avec les siècles,
les formes organiques maintenant répandues sur la surface de la pla-
nète. Ce qui est certain, c'est que l'esprit de l'homme, en quête de formes
qui traduisent ses idées, débute par le multiple et par l'incohérent.
Avec une fécondité prodigieuse, avec une puissance d'invention qu'au-
cun effort ne semble pouvoir épuiser, il se prodigue et se dépense en
essais dont il ne fait pas le compte.Le premier des arts, c'est la parole ;
or, dans les langues naissantes, les mots surabondent; pour désigner
un même être, cette richesse confuse des idiomes primitifs possède
nombre de synonymes, autant d'épithètes qui représentent les diffé-
rents attributs de l'objet; suivant l'impression du moment, l'esprit pré-
fère et la bouche emploie tel ou tel de ces noms. Avec le temps, la

1. Voir Gazette archéologique, 1883, pl. XIV.

2. Pour se faire une idée de l'effet ainsi obtenu, voir surlout la planche I du Catalogue
de la collection Albert Barre; le décor de cette coupe y est rèproduil avec les couleurs de
l'original.

3. Ailleurs, le même savant, ayant à faire l'inventaire d'une collection plus riche, dé-
clare qu'il y a noté plus de cinq cents variétés de vases cypriotes. Froehner, Catalogue de
la collection Barre, p. 2.
 
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