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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0734

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LA PHÉNIC1E ET SES DÉPENDANCES.

plupart de ces termes sortiront de l'usage ; quand la langue se fixera par
l'écriture et par l'habitude de la vie policée, quand elle deviendra ce
que l'on appelle une langue littéraire, elle fera son choix; elle adop-
tera, pour chaque chose, un nom unique, celui que les gens les mieux
élevés auront mis à la mode, celui qui aura paru le plus harmonieux
ou le plus expressif.

Il en est de même dans les arts où les pensées s'expriment non
plus par un son, mais par une forme visible et tangible. Là aussi, au
début, il y a excès, invention désordonnée et concurrence illimitée
des formes. C'est ainsi, pour nous renfermer dans l'industrie qui nous
occupe en ce moment, que le potier cherche partout les éléments des
types qui devront à la fois satisfaire les besoins auxquels il est chargé
de pourvoir et contenter ce désir de l'élégance et ce goût de la beauté
qui s'éveille dans l'esprit dès le premier essor de l'instinct plastique.
L'artisan se tourne donc de tous les côtés; point d'objet dans la nature
qui ne lui suggère quelque tentative plus ou moins heureuse; pas de
combinaison qu'il ne mette à l'épreuve. Tantôt il imite certains fruits,
comme la courge, et il obtient ainsi le type de la gourde ; tantôt il s'in-
spire du corps et du visage humain. Une tête féminine, d'abord gros-
sièrement ébauchée, plus tard parée de son ample chevelure et de ses
bijoux, forme le col de la cruche; la pointe des seins fait saillie sur la
rondeur de la panse; le reste de la figure vivante est conçu comme
enveloppé et caché dans les flancs du vase, que ces détails caractéris-
tiques décorent sans en altérer la forme générale. Les effets à tirer de
celte adaptation sont assez étroitement limités ; on en demande de
plus variés aux formes par lesquelles se définissent les différentes
espèces animales; un jour on prend modèle sur la silhouette légère de
l'oiseau et sur son bec effilé; le lendemain, c'est sur la stature puis-
sante et trapue des grands quadrupèdes, du porc ou du taureau.Malgré
le plaisir que l'on semble trouver à ces emprunts et à ces copies, ce
qui, chez tous les peuples, domine encore, ce sont les formes abstraites
et géométriques, ce sont ces courbes plus ou moins renflées qui, sous
les doigts du potier, naissent de l'emploi du tour; mais, là aussi,
c'est une sorte d'anarchie où se donne libre carrière une fantaisie qui
n'obéit à aucune règle. Le vase s'allonge en un mince flacon, rou bien
il se gonfle en un large ventre ; il se déprime et s'aplatit en un tube
circulaire parallèle au sol ; il s'arrondit en boule ou s'étire en forme
d'œuf ; deux de ces ballons ovoïdes se soudent ensemble par la base et
dessinent une ellipse. Ici un récipient unique a deux goulots; là plu-
 
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