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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0739

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LA CERAMIQUE CYPRIOTE. 729

il convenait de lui reconnaître sur le développement qu'avait pris à
Gypre l'art du statuaire. Pourquoi penser qu'il ait moins fait pour la
céramique?Dans ce domaine comme dans celui de la sculpture,il était
servi tout à la fois par ses dons naturels et par les relations qu'il n'a
pu manquer d'entretenir avec les Grecs des îles et du continent, qui
se sont émancipés plus vite, qui ont renoncé bien plus tôt à n'être que
les disciples et les imitateurs de l'Orient.

Voici donc comment, par hypothèse, nous ferions le départ des
différentes catégories de vases que l'on peut distinguer clans l'ensemble
de la céramique cypriote. Il y a d'abord ces vases,à parois très épaisses
et à décor incisé, que nous avons désignés sous le nom de vases
d'Alambra, quoiqu'on en ait trouvé sur plusieurs autres points de l'île;
nous les attribuerions aux premiers colons, de quelque race qu'ils
fussent, que Gypre a reçus du continent voisin; rien n'empêche même
d'admettre qu'ils représentent un premier et très ancien état de l'in-
dustrie phénicienne. En tout cas, nous reconnaîtrions la main des
potiers phéniciens clans ces vases déjà plus minces et plus habilement
tournassés, où le décor est peint, mais où il garde un caractère tout
géométrique. Les Phéniciens peuvent encore avoir fabriqué les vases
où se retrouvent des motifs empruntés à l'ornemaniste oriental, tels
que la palmette et la fleur de lotus. Prêtons leur encore les vases qui
reproduisent la forme de l'animal; l'Egypte avait eu de ces fantaisies,
clans ses ouvrages en terre émaillée ; enfin, nous ne voyons aucune
raison de leur retirer les plus archaïques de ces cruches dont le col
est orné d'une tête peinte sur l'argile ou modelée en relief; mais déjà,
clans cette série, on rencontre plus d'une pièce où se fait très claire-
ment sentir l'influence des exemples de la sculpture grecque (fig. 506).
C'est que l'industrie du potier n'avait pas pu rester longtemps, à Gypre,
la propriété exclusive des Phéniciens ; mêlés aux Sémites dans cer-
taines villes, partout ailleurs leurs proches voisins et en relations
constantes avec eux, les immigrants grecs avaient appris promptement
à mettre en œuvre les matériaux que fournissait le sol de l'île, à
manier le tour, l'ébauchoir et le pinceau. Sans cloute,la première idée
de ces nouveaux venus avait été d'imiter de leur mieux les procédés
de fabrication et de décor qu'employaient ces artisans syriens, qui
possédaient tous les secrets d'une très vieille industrie et qui répan-
daient dans toute la Méditerranée les produits de leurs ateliers; mais
il aurait fallu qu'ils n'eussent pas une goutte de sang grec dans les
veines pour qu'ensuite, une fois le métier bien appris, ils n'eussent

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