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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0740

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

point tenté de faire mieux, ou tout au moins de faire autre chose que
leurs maîtres, en mettant à profit les suggestions de leur propre génie
et les exemples que leur donnaient leurs frères d'outre-mer. Ils se
contentèrent d'abord de fabriquer des vases plus ou moins semblables
à ceux que les Phéniciens façonnaient et décoraient d'après les for-
mules d'une routine à la fois savante et bornée; puis, nous ne savons
ni où ni quand, ils firent le grand pas que nous signalions tout à
l'heure; ils se hasardèrent à peindre sur vase, au sens propre du mot,
c'est-à-dire qu'ils s'essayèrent, avec plus de bonne volonté que de
succès, à décorer leurs amphores, leurs œnochoés et leurs coupes en
y traçant des figures engagées dans une action dont il fût possible de
définir le sens.

Entendons-nous avancer que les Grecs de Gypre aient précédé dans
cette voie les Grecs de Rhodes, de Corinthe ou d'Athènes? Rien n'est
plus loin de notre pensée; l'ensemble des faits observés ne serait pas
favorable à cette conjecture. Si les ateliers de Gypre ont produit quel-
ques vases où il y a un tableau peint sur argile, c'est, croyons-nous,
seulement après que, sur bien d'autres points du monde hellénique,
cette branche de la peinture avait déjà commencé de fleurir. En tout
cas, ce ne sont pas les Grecs de Gypre qui ont ouvert et montré le
chemin; ce qui suffirait à le prouver,c'est que la peinture sur vases n'a
point passé, dans l'île de Gypre, par les phases successives qu'elle a
traversées dans le reste de la Grèce. Parmi les produits qui portent la
marque, très facile à reconnaître, des fabriques cypriotes, on ne trouve
ni vases du style dit corinthien, ni vases à figures noires, ni vases à
figures rouges; les très rares monuments de cette espèce qui ont été
recueillis dans l'île sont visiblement d'origine étrangère; tout le dé-
montre, le caractère du dessin comme celui de la couleur, aussi bien
que la nature et la cuisson de la terre. De très bonne heure, en Grèce
on a commencé d'écrire sur les vases, à côté des figures, le nom des
personnages ; il n'y a pas une inscription de ce genre sur un vase de
l'île, ni en caractères grecs ni en caractères cypriotes. La Grèce a mis
sur ses vases toute sa mythologie et toute sa poésie; rien de pareil dans
la céramique cypriote, quoique nous ayons reconnu, dans des bas-
reliefs exécutés en pierre de l'île, plusieurs mythes purement grecs,
ceux par exemple qui se rapportent à Héraclès et à Persée.

L'impression que laissent ces observations, ces rapprochements et
ces contrastes, c'est que la céramique cypriote a subi ce que les phy-
siologistes appellent un arrêt de développement. Elle est née peut-être
 
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