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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0741

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LA CÉRAMIQUE CYPRIOTE. 731

de l'effort spontané d'une population encore à demi sauvage, dont le
caractère ethnique nous est inconnu ; les Phéniciens lui ont enseigné
la pratique du métier, cette adresse de main qui se joue de la diffîcullé
technique; avec les potiers grecs qui se sont formés à cette école, elle
a eu, pendant quelque temps, la velléité de ne pas s'en tenir aux
leçons qu'elle avait reçues; soit de son propre mouvement, soit pour
avoir entrevu certains modèles que Rhodes toute voisine pouvait lui
fournir, elle a été comme tentée de donner à la figure la première
place dans la décoration de ses vases; mais ces aspirations ne se sont
pas soutenues. Gypre était trop éloignée de la Grèce et soumise de trop
près à l'influence des civilisations orientales ; on dirait qu'elle s'est décou-
ragée et qu'elle a renoncé à l'effort quand, vers le commencement du
cinquième siècle, elle a été ressaisie par la domination perse et ratta-
chée ainsi pour deux siècles à un empire asiatique.

C'est surtout dans la céramique que se fait sentir cette sorte de
stagnation et de paresse d'esprit. Le sculpteur était un autre person-
nage que le simple potier; il travaillait pour les princes et pour les
grands; quelquefois il avait étudié à l'étranger; ce pouvait être aussi
quelque Grec de l'Attique ou de l'Ionie qui, appelé et hien payé par un
des petits rois de File, venait y donner des exemples dont les artistes
indigènes étaient bien forcés de tenir un certain compte. Il n'en était
pas de même du potier; simple artisan, il ne quittait guère l'atelier
où son père lui avait appris le métier; il vendait ses ouvrages à tout
venant, dans son humble boutique. Si quelque riche amateur,
comme Évagoras ou tout autre tyran philhellène, voulait de beaux
vases à figures, il les tirait d'Athènes; quant à la foule des clients,elle
était accoutumée aux types, à la couleur et aux dessins de la poterie
indigène, à l'étrangeté de ses formes et à la physionomie particulière
de son décor; attachée à ses habitudes, elle n'avait pas ces exigences
et cet amour du nouveau qui en Grèce ont forcé l'industrie à suivre
toujours de près la marche et les progrès du grand art.

Dans ces conditions, la céramique cypriote, après avoir eu sa
période d'invention et de progrès, finit, vers le temps peut-être où le
peintre céramiste enfante ailleurs des merveilles,par se figer dans une
obscure routine. C'est, depuis lors, une industrie locale, qui ne pro-
duit que pour la consommation intérieure; je ne sache pas que l'on ait
jamais recueilli hors des limites de l'île des vases de fabrique cypriote.
Aussi conservateur que le peuple qui fréquente son magasin, le potier
répète donc et ressasse, jusqu'aux derniers jours de l'antiquité, des
 
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