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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0745

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LE VERRE.

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blies sur cette côte. On reconnaît encore la place de ces ateliers dès
que Ton se donne la peine de les chercher. Tout récemment, un voyageur
remarquait qu'à Sarepta, au milieu des ruines et sur le rivage, il suffisait
de se baisser pour ramasser des culots de verre ; il y en a de toutes les
couleurs : ce sont des rebuts de fabrication qu'a secoués et jetés à
terre la canne des ouvriers1. Ces débris sont en quantité considérable,
et l'on ne saurait s'en étonner quand on songe que, sur bien des points
de cette côte, les fours n'ont point cessé de flamber et les creusets de
chauffer pendant vingt-cinq siècles et plus. Au douzième siècle de notre
ère, Tyr avait encore des verreries en pleine activité2. Aujourd'hui,
vous ne trouvez rien de pareil dans ce village de Sou?', qui a été tant de
fois détruit et pillé; Saïda non plus, bien que plus prospère, n'a rien
conservé de ces fabriques célèbres que vante Pline3. Mais, pour avoir
abandonné les villes maritimes de la Palestine, cette industrie n'a pas
péri dans ce pays ; elle s'est seulement transportée dans une ville de
l'intérieur, que sa situation plus écartée et le prestige du sanctuaire
qu'elle renferme ont mis à l'abri de ces assauts et de ces dévastations
périodiques. Je me souviens d'avoir vu vendre à Jérusalem, dans le
préau du Saint-Sépulcre, de beaux bracelets en verre bleu; par leur
forme et par leur couleur, quelques-uns d'entre eux m'ont rappelé des
bijoux antiques. Ma curiosité s'éveilla; je demandai d'où venaient ces
objets, on m'apprit qu'ils étaient fabriqués à Hébron, et qu'il y avait là
des verreries très achalandées : celles-ci ne placent pas seulement
leurs produits dans les environs, mais les expédient, par l'intermé-
diaire des marchands juifs et arabes, jusque dans le Soudan4. Les
objets qui sortent de ces ateliers sont toujours les mômes ; on répète
indéfiniment et depuis des siècles les mêmes modèles : ce sont de
petits vases, des anneaux pour l'oreille, pour le nez, pour le bras et
pour la jambe; enfin des amulettes, parmi lesquelles il y en a dont le
type remonte certainement à une très haute antiquité. L'une d'elle
représente un œil humain : c'est l'œil d'Osiris5. Une autre figure une
main aux deux doigts étendus : c'est un préservatif contre le mauvais œil,

\. Lortet , la Syrie d'aujourd'hui, p. 113.

2. Voyages de Habbi-Benjamin, fils de Iona de Tudèle, en Europe, en Asie et en Afrique,
depuis l'Espagne jusqu'à la Chine, etc., traduits par J.-P. Bar.vtif.r (Amsterdam, 1734,
2 tomes en 1 vol. in-12), t. I. p. 72.

3. Pline, H. N. XXVI, 191 : Sidone quondam iis offîcinis nobili.

4. M. Clermoiit-Ganneau, à qui je dois quelques-uns de ces renseignements sur la ver-
rerie d'Hébron, nie signale aussi Alep comme un des points de l'intérieur où cette indus-
trie se serait transportée quand l'insécurité de la côte lui aurait rendu la vie trop dure.

o. Histoire de l'Art, t. I, flg. 103.
 
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