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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0746

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736

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

et on l'appelle Kef-Miriam, « la main de Marie ». Mais ne peut-on y voir
un souvenir de celte main dressée qui surmonte si souvent les stèles
phéniciennes (fig. 192)? Enfin on paraît avoir aussi conservé fidèle-
ment, dans ces ateliers, certains procédés de coloration : ainsi rien de
plus charmant et de plus doux à l'œil que le vert ou le bleu de maints
flacons, de maintes petites burettes; il rappelle celui des plus belles
terres émaillées de l'Egypte, des verres phéniciens les plus soignés1.

Témoignage de l'histoire, indices tirés du résidu des fabriques dis-
parues, persistance d'une industrie qui s'est comme enracinée dans le
sol, tout concourait donc à nous signaler la côte phénicienne sinon
comme la terre natale du verre, tout au moins comme sa patrie
d'adoption, comme la contrée où cet art a pris le plus de développe-
ment et où il s'est élevé au plus haut degré de perfectionnement qu'il
dût atteindre dans tout le cours de l'antiquité. A ce titre, dans le doute
où nous sommes sur la vraie provenance de la plupart des verres qui
nous sont parvenus, le plus sage était encore de les porter au compte
delà Phénicie. C'est elle qui aie plus fabriqué; les plus belles pièces
doivent être sorties de ses ateliers, puisque ses artistes étaient les plus
renommés ; toutes les présomptions sont donc an faveur de l'hypothèse
que nous adoptons en considérant comme phéniciennes les pièces que
nous avons à décrire.

Nous avions encore une autre raison de suivre cette marche : c'est
qu'en Egypte et en Assyrie, notre attention était attirée de préférence
par le grand art; à peine pouvions-nous faire, aux œuvres capitales de
l'architecture et de la sculpture, toute la place que, par leur intérêt et
par leur variété, elles auraient mérité d'obtenir. Le cas n'est point le
même pour la Phénicie : ni l'architecte ni le sculpteur n'y ont été assez
originaux pour que nous ayons été entraînés à leur sacrifier ces
adroits et laborieux artisans qui préparaient la meilleure partie des
produits ouvrés que les navires de Tyr et de Sidon portaient jusque
dans l'Atlantique. Artistes médiocres, les Phéniciens ont été de grands
industriels ; l'histoire des différents métiers et l'étude de leurs procédés
devaient donc prendre ici une importance qui fût en rapport avec le rôle
que l'industrie a joué chez ce peuple, avec tout ce qu'elle a fait pour lui
donner tout ensemble la richesse et la gloire.

i. On peut avoir une idée de ce bleu par les figures 1 et 2 de notre planche VIII. Un
bel échantillon de cette pâte, c'est le double masque d'Hathor qui a été trouvé par
M. Clermont-Ganneau à Ascalon, et qui est aujourd'hui au Musée Britannique (Clermont-
Ganneau, VImagerie phénicienne, p. 90).
 
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