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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0749

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LE VERRE.

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de la fabrique phénicienne à la qualité exceptionnelle du sable que ses
verriers ramassaient sur la côte, h l'embouchure du fleuve Bel us, près
de Ptolémaïs1.

On peut distinguer trois espèces de verre : le verre incolore et
transparent, qui laisse passer le regard; le verre translucide et coloré,
que la lumière traverse en se teignant de la nuance que l'art a donnée
à la matière; et enfin le verre opaque, qui ressemble à une porcelaine.
Les Phéniciens ont fabriqué ces trois espèces de verre. Le verre trans-
parent est représenté, dans nos collections, surtout par ces urnes,
d'époque assez tardive, que l'on trouve en abondance dans les sépul-
1 ures grecques et romaines de Cypre. Les irisations merveilleuses que
présentent aujourd'hui certaines de ces urnes proviennent, on le sait,
d'une altération moléculaire qui est l'effet du temps -. On ne paraît
pas d'ailleurs avoir attaché à la parfaite transparence du verre le prix
que nous y mettons aujourd'hui. Les verres de choix et de luxe étaient
les verres translucides et colorés, à filets et à rubans '; c'était à cette
fabrication que s'appliquaient les ouvriers les plus habiles, et nous
aurons à montrer jusqu'où ils poussaient l'adresse. Enfin, on a fait
aussi, dans ces ateliers, des verres complètement opaques, fabrication
qui a passé de mode et dont le secret s'est perdu. J'ai vu chez M. Gréau
un fragment d'une statuette en verre, représentant un Sérapis, où il y
a trente pour cent de bronze. On obtenait ainsi une belle matière rouge,
très lourde et très dure, qui donnait des plaques de revêtement pour les

1. La réputation dont jouissait cette carrière de sable est attestée par plusieurs écri-
vains. Voir Strabon, XVI,. n, 25. Josèphe, De bello Judaico, II, x, 12. Pline, XXXVI, 190.
Strabon, tout en mentionnant les tas de sable que l'on voit préparés sur le rivage et les
mérites qu'on attribue à la matière prise en cet endroit, ajoute, avec beaucoup de bon
sens, qu'il y a ailleurs aussi des sables propres à cette fabrication.

2. Cette altération a été étudiée par les chimistes. On pourra consulter à ce propos
les travaux suivants ; Sir David Brewster, Notes on the dccay of gluss, especially upon that
of thc ancient glass found at Nineveh (appendix à Layard, Nineveh and Babylon, 1853). On
the decomposed glass found at Nineveh andother places (dans les Transactions of the British
Association, 1860, p. 9). J. Fowler. On the process of decay in glass, and, incidcntally, on
the composition and texture of glass at différent pcriods and thc history of its manufacture
(Archseologia, 1880, t. XLVI, p. 65-162).

3. On emploie quelqufois, à propos de ces verres de couleur, égyptiens et phéniciens,
l'expression de verre opaque; c'est là un terme impropre, comme on peut aisément s'en
convaincre en maniant quelques-uns de ces flacons et en regardant le jour à travers.
Presque tous sont franchement translucides ; il n'y a d'exception que pour quelques-uns
où le verre, moins soigné, est impur; quant aux autres, si parfois ils paraissent opaques,
c'est qu'ils sont revêtus intérieurement d'une croûte qui provient de la terre où ils ont
été déposés. Il convient de réserver ce terme de verre opaque pour celui auquel on a
volontairement retiré toute transparence en lui donnant l'aspect du marbre ou de la
porcelaine.
 
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