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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0754

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744 LA PHÉNICIE Eï SES DÉPENDANCES.

quantité. Cette matière était peut-être alors encore trop chère et trop
précieuse pour que Ton songeât à en tirer des vaisseaux que leur
destination aurait exposés à bien des chances de destruction.

En revanche, dès que l'on sut fabriquer un verre très pur et lui
donner des teintes variées, on dut s'en servir pour copier les pierres
fines et demi-fines. « La pâte vitreuse colorée imite les gemmes dans
la perfection; elle les surpasse souvent par l'éclat et l'intensité du
ton, au point que le connaisseur le plus habile se trouve embarrassé
pour faire la distinction; c'est que la gemme n'est elle-même qu'une
pâte fondue par la nature... L'illusion est donc grande, si elle n'est
pas complète *. » Au temps de Pline, on contrefaisait couramment les
principales pierres fines2. L'émeraude était une de celles que l'on
pastichait le plus aisément3; mais on n'avait pas attendu jusqu'à
l'époque romaine pour pratiquer ces contrefaçons. Hérodote, décrivant
le temple de Melqart à Tyr, cite comme une des merveilles que l'on
y admirait une stèle d'émeraude qui, dit-il, brillait la nuit4. Il est très
vraisemblable que celte stèle n'était qu'un bloc de verre coulé avec un
soin tout particulier et reproduisant exactement le ton et la transpa-
rence de l'émeraude5; dans l'intérieur du bloc, on avait pu réserver
une cavité, suffisamment aérée, où brûlait une lampe, dont la lumière
se colorait en traversant le verre et produisait ainsi l'effet que l'on fit
admirer au voyageur grec.

Dès que l'on fut entré dans cette voie, on put produire de cette
manière, sans doute à très bas prix, soit des cachets en forme de scara-
bée ou de cône, soit des perles de verre, des pendants de collier, des
amulettes, des anneaux, des bracelets0; le moule se chargeait de donner
l'image ou le dessin que l'on voulait empreindre, tantôt en relief, tantôt
en creux, sur la pièce de verre. Nous avons rencontré, en Sardaigne,
des scarabées en pâte vitreuse7; ces objets sont, en général, faits d'un
verre blanchâtre et presque opaque qu'il n'est pas toujours aisé, au
premier moment, de distinguer des terres émaillécs. Le collier de

1. Fîuehner, la Verrerie antique, p. 4'j.

2. PliNe, IL N. XXVII. 98, 128.

3. Plim:, H. N. XXXVII, 112.

4. Hérodote, II, 4"4.

o. Jusqu'à Guyton de Morveau, on avait pris pour de l'émeraude la matière dont est
faite le sacro catino de Gênes; le chimiste français reconnut et prouva que cet objet
célèbre était fait en pâte de verre.

G. La bague de verre était encore, à l'époque romaine, « le joyau du pauvre », comme
dit Pline : vitreis gemmis c volgi annulis (H. N. XXXV, 48).

7. Histoire de VArt, t. III, p. 6oo.
 
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