Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0762

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
752

LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

exemple, pour ces cratères dont les bords sont ornés de disques ou de
boutons de fleur, portés sur de légers pédoncules; il en est de même
pour ces têtes d'animaux dont les becs, les oreilles, les cornes se dres-
sent, s'allongent, se recourbent en arrière; jusque dans les anses
dont quelques-unes se prolongent au-dessous de leur point d'attache,
on devine une matière autre que l'argile; on sent le ressort qui, fixé
par des rivets, garde la tension et la courbure que lui a donnée la main
de l'ouvrier. Le même ton a été employé par le peintre pour colorier
tous ces vases, ceux mêmes que, d'après leur aspect, on pourrait croire
en terre; il y a donc lieu de les regarder tous également comme des
ouvrages de l'orfèvre phénicien l.

Quelques siècles plus tard, c'est Achille qui propose pour prix de
la course, aux funérailles de Patrocle, « un cratère d'argent travaillé; il
contient six mesures, et par sa beauté il n'a pas de rival sur la terre;
c'est que d'habiles artistes sidoniens l'ont exécuté avec soin, et que des
marchands phéniciens l'ont transporté sur la mer vaporeuse, l'ont
exposé dans les ports, et donné en présent à Thoas2 ». Ailleurs, c'est
un cratère d'argent, qu'un roi de Sidon offre à Ménélas3; ce cratère
était, ajoute le poète, un ouvrage d'IIéphaislos. C'est dire que les
travaux exécutés par les Phéniciens sont les plus parfaits que l'on
puisse voir, qu'ils sont dignes du dieu même en qui se personnifiait,
pour les Grecs, l'art du forgeron et de l'orfèvre.

Un lecteur d'Homère, il y a cinquante ans, aurait été bien embar-
rassé pour se représenter ces cratères; aujourd'hui, nous sommes plus
avancés; ce n'est plus seulement aux peintures égyptiennes que nous
devons aller demander comment étaient faits et décorés ces vases que
les Phéniciens chargeaient sur leurs navires et colportaient sur tous les
marchés de l'Orient. Nous possédons une certaine quantité de ces
objets, et le nombre de ceux que nous pouvons examiner et comparer
s'accroît d'année en année. On peut même dire que, de tous les pro-
duits de l'industrie phénicienne, le plus authentique, celui dont la
propriété peut le moins être contestée à ce peuple, c'est toute cette
orfèvrerie dont les principaux types vont être réunis dans ce chapitre.

1. Les peintures du tombeau de Rekhmara ont été décrites par Hoskins (Voyage en
Éthinpie, p. 328 et suivantes), qui avait ouvert le premier cette sépulture, d'où le nom de
tombe de Hoskins par lequel on l'a quelquefois désignée ; elles sont reproduites en couleur
dans cet ouvrage, planches Xl/VI-XLIX. La partie la plus intéressante a été aussi donnée,
de même en couleur, par Wilkinson (Customs and manners, 1.1, p. 38 et pl. II).

2. Homère, Iliade, XXIII, 740-743.

3. Homère, Odyssée, IV, (Ho-619. Ces vers sont répétés au chant XV, v. 115-H9.
 
Annotationen