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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0798

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788

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

deux chèvres1. Ensuite, en un point de la coupe où le dessin à souf-
fert, c'est la lutte d'un lion contre un singe cynocéphale2.

Voilà, en apparence, beaucoup de variété; mais, de tous ces thè-
mes, il n'en est pas un peut-être qui ne soit un des lieux communs et,
comme on dirait dans nos ateliers, un des poncifs de la décoration
phénicienne ; nous les retrouvons à peu près tous soit sur des vases
analogues à ceux que nous venons de décrire, soit, quand ils ne se
rencontrent dans aucune des coupes que le temps a épargnées, dans
quelque monument égyptien et assyrien. On dirait que l'artiste a voulu
épuiser son répertoire et, si l'on peut ainsi parler, vider son sac, sans
se mettre d'ailleurs en frais d'invention. Cependant, sur cette coupe
même, dans la bande étroite qui enveloppe le médaillon, il y a une
suite d'images où l'on peut être tenté de voir un tableau de la vie pas-
torale, copié sur nature. Le seul être composite et factice qui y figure,
c'est le sphinx, auprès duquel on aperçoit, comme gravés sur un mur,
deux cartouches royaux; mais rien n'empêcherait d'admettre que le
sphinx n'intervient là que comme indication du lieu de la scène, pla-
cée par l'artiste dans la vallée du Nil. Des chevaux et des taureaux
paissent en liberté ; deux de ces derniers luttent en se frappant F un
l'autre du front. Une vache allaite son veau; mais le lion est là, qui va
troubler le repos des champs et semer le carnage. Le troupeau ne l'a
pas encore aperçu; c'est que les bergers se sont jetés au-devant du ra-
visseur. L'un d'eux lui lance une flèche par derrière ; un autre l'attaque
de front avec l'épieu ; mais la partie n'est pas égale. Déjà deux pâtres
ont été renversés ; la lourde patte du fauve s'est abattue sur leur tête
et les colle contre terre.

L'auteur de cette composition, que ce soit notre orfèvre ou un autre
artiste dont il aurait copié l'œuvre, s'cst-il inspiré directement soit de
ce qu'il avait vu de ses yeux, soit de ce qu'il avait entendu raconter?
Au premier moment, on pourrait peut-être incliner à le croire; mais
dès qu'on y regarde de plus près, on est contraint de renoncer à cette
illusion. Elle aussi, cette frise est faite tout entière de motifs qui cou-
raient les ateliers; on les séparait ou on les rapprochait, suivant les
besoins du moment. ïl nous suffit du très petit nombre de monuments
que nous possédons pour retrouver ailleurs tout ce qui se trouve ici,

1. Pour les deux chèvres aux deux côtés d'une palmette, voir Histoire de l'Art, t. II,
fig. 138.

2. Ceccaldi, qui avait eu la coupe entre les mains, déclare reconnaître le cynocéphale
dans cette figure un peu etfacée [Monuments antiques de Cypre, p. 174).
 
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