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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0816

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806 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

entreprise et s'est poursuivie sur plusieurs points du monde phénicien.
C'est, sans aucun doute, la Phénicie continentale qui a donné l'exemple ;
puis, le succès aidant, d'autres ateliers se sont ouverts à Kition et dans
maintes villes de Cypre ; enfin Carthage n'a pu manquer de vouloir
s'assurer à son tour les bénéfices de cette industrie. Il y a tout lieu de
penser que certaines des coupes trouvées au bord du Tigre sont de
travail phénicien1 ; or c'étaient Arad, Tyr et Sidon qui, par les cara-
vanes que voyaient passer les gués de l'Euphrate, répandaient en Méso-
potamie les objets manufacturés que produisait la Syrie ; les coupes
historiées qui ont été trouvées dans l'Asie antérieure doivent provenir
des villes de la côte. Parmi les coupes trouvées à Cypre, il en est qui,
par le choix du thème et par certains détails, nous ont fait songer à
certains monuments de la statuaire cypriote2; il paraît probable qu'elles
ont été ciseiées dans l'île même, par des artisans phéniciens qui s'y
étaient établis et y tenaient boutique. Bien des indices nous laissent
deviner qu'à Carthage aussi ce métier occupait beaucoup de bras. On
se rappelle la coupe de Préneste où se lit le nom d'Esmunjaïr ben Asto
(fig. 36) ; une particularité de l'orthographe adoptée dans cette courte
inscription a fait penser que ces trois mots avaient été gravés plutôt
en Afrique qu'en Phénicie3. L'autre coupe de Préneste (fig. 543) trahit
peut-être encore son origine par un trait encore plus significatif ; un
des personnages du petit drame qu'elle représente est un grand singe
anthropomorphe et troglodyte dans lequel les naturalistes reconnaissent
un de ces habitants du continent africain qu'avaient fait connaître aux
Carthaginois leurs explorations poussées jusqu'à l'estuaire du Gabon;
qui ne se souvient du passage du Périple d'Hannon, où le voyageur
parle de ces « femmes toutes velues que les interprètes appelaient
gorilles »4? Les matelots en avaient tué trois, dont les peaux avaient
été rapportées à Carthage et déposées dans un temple où on les vit
jusqu'à la prise de la ville par les Romains5. Les mâles, dit l'auteur du
Périple, s'étaient si bien défendus à coups de pierres, tout en escala-
dant les rochers, que l'on n'avait pu les joindre et les prendre. En
montrant son héros sur le point d'être atteint par le pavé que lui lance
un de ces animaux, l'artiste ne s'est-il pas inspiré des récits qu'avaient

1. Histoire de l'Art, i. II, pp. 749-751.

2. Ibidem, t. 111, pp. 782 et 784.

3. Renan, Vatère d'argent phénicienne découverte à Palestrina (Gazette archéologique,
1877), p. 18.

4. Periplus, § 18.

5. Pline, H. IV., VI. 36.
 
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