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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0850

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LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

objets de parure et de luxe1? Partout répandus, dans la vallée de
l'Euplirate comme dans celle du Nil, les Phéniciens avaient tous ces
types à leur disposition; ils s'en sont inspirés, comme le prouvent cer-
taines ressemblances qui ne peuvent être l'effet d'une simple ren-
contre; mais ils ont poussé le métier bien plus loin que leurs maîtres.

Le stimulant, ce fut peut-être l'intérêt personnel, le désir
qu'éprouva le marchand de produire, pour l'exportation, des bijoux
qui, avec une moindre quantité de métal précieux, eussent autant cl
plus d'apparence que ces bijoux pleins et un peu rustiques. Quoi qu'il
en soit, dans les ateliers de la Phénicie, les barres, les fils, les
plaques d'or et d'argent s'amincirent et s'assouplirent. Les premiers,
ces artisans semèrent sur leurs fonds cette poussière de grains
d'or presque imperceptibles, dont le secret devait leur être dérobé par
les bijoutiers étrusques; les premiers, ils surent composer, avec des
mailles d'une incroyable ténuité, de fines et brillantes chaînettes. Les
lils légers que courbaient et fixaient leurs pinces leur permirent de
tracer sur les surfaces qu'ils avaient à décorer des dessins d'une grâce
savante et des enroulements compliqués. Là où il fallait modeler une
tleur ou une tète d'animal, leur burin apprit à terminer, avec une rare
sûreté, le travail que le ciseau avait commencé sur l'envers de la
feuille. Pour tout dire, en un mot, aucune des ressources de l'art, tel
que l'ont pratiqué les peuples les plus civilisés, ne leur est demeurée
étrangère. Le seul progrès dont les Grecs puissent se faire honneur, le
seul avantage qu'ils aient eu sur leurs devanciers, c'est que, dans les
plus beaux de leurs bijoux comme sur leurs pierres gravées, ils oui
fait une grande place à la figure humaine; malgré l'exiguïté des
dimensions auxquelles force était de la réduire sur le chaton d'une
bague ou dans la pendeloque d'une boucle d'oreilles, ils ont su lui
conserver, sur les plus petits même de ces monuments, toute la
noblesse de proportions et toute la pureté de lignes que leurs sculp-
teurs avaient appris à lui donner dans leurs statues et dans leurs bas-
reliefs. Ce qui domine au contraire clans la bijouterie phénicienne,
c'est l'ornement géométrique et l'ornement végétal; les motifs
empruntés au règne animal y paraissent, et y sont traités souvent avec
talent, d'une façon large et vraiment décorative ; mais l'homme en est
presque absent ; c'est tout au plus s'il y est représenté par quelques
têtes viriles ou féminines, qui n'y occupent qu'une place très secon-

1. Histoire de l'Art, t. II, pp.; 761-708.
 
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