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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0851

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LES BIJOUX.

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daire. Comme figurine de quelque importance, on ne pourrait guère
citer que ce buste d'Isis qui paraît avoir été si fort en vogue dans les
ateliers de l'Occident (fig. 589). Il n'y a rien là qui puisse nous sur-
prendre ; les Phéniciens n'ont jamais senti, comme l'avait fait l'Egypte
et comme le fera plus tard la Grèce, ce qu'il y a, chez l'homme, de
beauté dans la forme vivante, dans les inflexions du contour qui la
limite et dans la variété des mouvements qui en modifient de mille
manières l'aspect et le caractère expressif; à proprement parler, ils
n'ont pas eu de statuaire. Ce que n'a pas donné là le sculpteur, qui
remplit une sorte d'office public en prêtant un corps aux dieux et eu
conservant l'image des rois, devait-on l'attendre de l'humble artisan
qui. sans autre ambition que celle d'être bien payé, travaillait à satis-
faire, chez ses concitoyens comme chez les étrangers, ces instincts de
luxe et ce goût de la parure dont la femme n'a pas le monopole?

Le joaillier phénicien a pu d'ailleurs renoncer à ce genre d'or-
nements sans que son œuvre se frouvât condamnée, par suite de ce
sacrifice, à une réelle infériorité. Il n'y a pas de raison pour que la
figure n'entre pas dans la composition des bijoux; par sa seule pré-
sence elle leur donnera parfois plus de valeur et un genre d'intérêt
tout particulier; mais elle n'y est pas nécessaire. Les bijoux ont pour
objet d'ajouter au prestige de celui qui les porte, en le faisant paraître
plus riche, plus imposant et plus beau. Ce résultat, ils l'obtiennent
grâce surtout au prix, à l'éclat et à la couleur des matériaux qui les
constituent, grâce aussi à l'heureux choix de leurs proportions et
à l'élégance de leurs lignes, conditions qu'un artiste intelligent saura
remplir sans avoir recours à l'emploi de la figure. Peut-être même
pourrait-on dire, non sans quelque vérité, que le joaillier, s'il cède
à la tentation d'attribuer, dans ses ouvrages, une trop grande place
à la figure, risque de s'engager dans une fausse voie. Le bijou doit
toujours rester un .simple complément de la personne, des cheveux
qu'il rend ou plus noirs ou plus blonds, du teint dont il relève la
fraîcheur, du front et du visage qu'il encadre, des attaches ou des
extrémités dont il fait valoir la finesse. Ce caractère, il ne le perdra
jamais tant qu'il demandera tous ses effets à de simples combinaisons
de lignes droites et de lignes courbes qui circonscrivent des espaces
diversement colorés. Les feuillages et les fleurs, les animaux réels ou
factices, discrètement mêlés à ces caprices de l'ornement linéaire,
garderont encore cette valeur purement décorative qui sied en pareil
lieu; mais la figure humaine, introduite à cette place et y prenant

TOME 111. l'Hi
 
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