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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0856

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816

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

saient aux ports de la Méditerranée1. Presque tout l'ivoire que l'on
travaillait à Cartilage devait avoir cette dernière origine ; les marchands
en recueillaient aussi sur la côte occidentale de l'Afrique dans leur
comptoir de Cerné2. Les magasins de Carthage renfermaient de
grandes quantités d'ivoire ; dans le butin que fît le vainqueur de Zama
quand il envahit l'Afrique, l'ivoire est mentionné avec l'or et l'argent3.

De tout cet ivoire on faisait des boîtes, des meubles, des ustensiles
de toute espèce; l'Egypte et l'Assyrie nous ont déjà montré quel parti
l'on savait tirer de cette belle matière4. Un des plus curieux échan-
tillons de ce genre d'industrie , c'est l'objet dont les débris ont été
trouvés dans une tombe de la nécropole de Sidon, dans celle même qui
contenait le sarcophage d'Echmounazar5. Ramassés un à un dans les
terres extraites de la fosse, un certain nombre de ces fragments se sont
réduits en poussière au moment de la fouille ou, depuis lors, dans la
vitrine où ils sont conservés; mais plusieurs sont en assez bon état pour
qu'il soit possible de se faire une idée de l'ensemble. C'était une petite
caisse où étaient disposés côte à côte plusieurs flacons, dont chacun
devait renfermer soit un parfum, soit quelque substance comme du
henné, du fard ou un autre cosmétique. Nous avons les tablettes qui
formaient les montants et le dessus de la boîte (fig. 611, 612, 613). La
pièce la plus curieuse est celle où est sculptée en assez léger relief une
femme qui approche de ses narines une fleur de lotus qu'elle tient des
deux mains (fig. 611). La longue robe qui la couvre et que rayent des
plis symétriques est retenue au milieu du corps par une double corde,

1. Sur le commerce qui se faisait dans les places de la Petite et de la Grande Syrie,
voir Perroud, De Syrticis emporiis (1881, Paris, in-8°), ch. xi : de Commercio. A ce propos.
M. Perroud cite quelques passages de voyageurs modernes, qui donnent bien l'idée des
denrées dont Carlhage, par un ensemble de mesures savamment combinées, s'était assuré
le monopole et que ses navires venaient enlever dans les échelles des deux Syrtes :
« Ghadamès est bondée d'ivoire, de plumes, d'encens, de natron et de cuirs... Ghât
envoie à Tripoli l'ivoire du Bornou, les cuirs, le musc et l'encens de Kano, les plumes du
Bornou, du lac Tsad, du Damergou et de l'Adrar. les cuirs de Haoussa, les tapis et la
poudre d'or de Timbouctou » (De Syrticis emporiis, pp. 143-144). C'est ce même territoire,
dont Ghadamès est la capitale, que Pline (Hist. mit., V, 4) désigne sous le nom de :
Elephantorum soliludines.

2. Scylax, Periphis, § 112.

3. Appien. VIII, 23.

4. Histoire de l'Art, t. I, pp. 838-840, et t. II, pp. 729-732.

5. Renan, Mission de Phcnicie, pp. 499-501. Gaillardot, qui a décrit ces fragments dans
l'ouvrage de Renan, en a soupçonné la liaison; en les maniant devant moi, M. de Vogué,
qui en est aujourd'hui possesseur, m'a montré comment, malgré bien des lacunes, ils se
laissent rapprocher et comment on devine la place que chacun d'eux occupait. A la
condition de refaire un certain nombre de morceaux qui manquent, on pourrait restituer
le coffret.
 
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