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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0888

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878

LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

au lissage des étoffes par les hommes, c'était un usage égyptien qui
frappait les Grecs par son étrangeté !. Ainsi, pour Eschyle, style
cypriote, -/J-pto; ^apaxTiop, ce n'est qu'une autre manière de dire style
égyptisant, presque style égyptien. Des étoffes tissées en Egypte ont
une physionomie cypriote. Eschyle ne cherche pas là un de ces rap-
prochements où se complaisent les archéologues ; il emploie la langue
de son temps. Beaucoup de ceux qui écoutaient la pièce avaient visité
Cypre; ils avaient servi avec Gimon clans ces parages, vers la fin de la
seconde guerre médique ; ils avaient remarqué ces ressemhlances et,
pour eux tous, l'expression de style cypriote éveillait l'idée d'une orne-
mentation étroitement apparentée à celle de l'Egypte. Ce que le poète dit
des produits de l'industrie textile à Cypre doit être également vrai de
ceux de la Phénicie propre ; pendant cette première moitié du cinquième
siècle, Cypre, après le vain effort de la révolte ionienne, avait été
rattachée par des liens plus étroits que jamais à l'empire achéménide
et à l'Asie.

Plus encore que la qualité du tissu et que la richesse des broderies,
ce qui fit la réputation de la fabrique phénicienne, ce fut l'éclat et la
solidité des tons qu'elle sut donner aux étoffes qui passèrent par les
cuves de ses teinturiers. Sidon et Tyr durent une grande partie de
leur prodigieuse fortune à l'emploi d'une substance tinctoriale dont
la découverte paraît bien leur appartenir et que presque seules,
pendant bien des siècles, elles surent préparer. Les deux industries
dont elles gardèrent le plus longtemps le monopole, ce furent celle
de la verrerie fine et celle de la teinture en pourpre ; elles en restè-
rent maîtresses jusque sous l'empire romain2.

Pour avoir une idée des bénéfices que put donner cette fabrication,
il suffira de rappeler un texte souvent cité de Théopompe, d'après
lequel cette matière colorante aurait valu son poids en argent3..

C'était à Melqart lui-même que la tradition attribuait l'invention
de la teinture en pourpre 4. Il n'était pas besoin d'un dieu pour faire
cette découverte ; son véritable auteur fut quelque humble batelier

1. Hérodote, II, 3a. Sophocle, Œdipe à Colonr, v. 337-340, et le Scoliaste.

2. Pline dit de Tyr : « Nunc omnis ejus nobilitas conchylio et purpura constat, »
{H. N., V, 17). Cf. Strabon, XVI, ii, 23.

3. Dans Athénée, XII, 51 : iGoaxâaioz yàp rjv f| Tcopçûpa irpô: à'pyvpov è^eTaÇojxévY], Voir
aussi les prix en monnaie romaine des différentes qualités de pourpre qu'indique Pline
(H. N., IX, 03 et 04).

4. Pollux, I, 45. Le mythe que raconte le lexicographe doit avoir été emprunté par
les Grecs aux Phéniciens. Pollux parle d'Hercule; mais Hercule, à Tyr, c'est Melqart.
 
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