Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0889

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES ETOFFES.

879

dont la génération suivante avait déjà oublié le nom. La pourpre,
comme les anciens nous l'ont dit sous toutes les formes, était extraite
d'un coquillage ou plutôt de plusieurs espèces de coquillages qui en
donnaient des qualités diverses. En rejetant et laissant pourrir sur la
grève, après la pêche, les coquilles dont il ne voulait pas, un marin
de Sidon aura remarqué que, dans quelques-unes de celles-ci, après
la mort de l'animal, les chairs s'imprégnaient d'une teinte violette
très prononcée. L'idée lui sera venue de frotter un linge contre le
cadavre ainsi coloré; bientôt il aura reconnu que la couleur passait
sur le linge et qu'ensuite elle résistait aussi bien à tous les lavages
qu'à l'action de la lumière1. On répéta l'expérience; on réussit à
distinguer la partie du corps où se trouvait plus particulièrement
contenu le principe colorant et l'on commença de s'en servir pour la
teinture. Les étoffes ainsi préparées flattèrent l'œil et eurent du succès,
d'abord auprès des consommateurs indigènes, puis auprès de ceux
du dehors. On se sentit encouragé à continuer; on développa, on
perfectionna le procédé. Avec le temps, par des manipulations ainsi
que par l'emploi de différentes coquilles, on en vint à obtenir des
nuances très variées, qui allaient du bleu et d'un rouge que l'on
comparait à celui du sang jusqu'à un violet très intense. D'autres
recettes, trouvées par la pratique, permirent de donner aux (issus
ces tons chatoyants qui étaient si recherchés des anciens 2.

Des recherches qui, surtout dans ces derniers temps, ont pris un
grand caractère de précision, ont permis d'établir que les coquillages
qui fournissaient ces couleurs étaient des mollusques gastéropodes et
qu'ils appartenaient aux deux genres Rocher [murex) et Pourpre
[purpura). Les espèces que paraissent avoir surtout exploitées les
fabriques phéniciennes sont le murex trunculus et le murex brandaris

1. Dans son intéressant Mémoire sur la pourpre (Annales des sciences naturelles.
Zoologie, 4e série, t. XII, 84 pages et I planche), M. Lacaze-Duthiers raconte comment
à Malion, en i858, il vit le pêcheur dont il avait loué la harque pour ses explorations
marquer sa chemise et ses culottes de toile blanche avec un morceau de bois qu'il trem-
pait dans la mucosité du manteau déchiré d'une coquille, qu'il était facile de reconnaître
pour la pourpre à bouche de sang (Purpura hœmastoma); il appelait ce coquillage cor de
fel (pp.4-5). M. Lortct a fait des observations du même genre à Sour : « Les murex à
pourpre sont très communs non seulement sur toute la côte, mais dans le port même.
Les gamins de Tyr savent encore aujourd'hui teindre des chiffons de laine en fixant la
couleur du mollusque avec un peu de carbonate de soude et de jus de citron. Ces
guenilles colorées en pourpre leur servent de drapeaux lorsqu'ils jouent au soldat
comme le font les enfants de nos jours. » (La Syrie d'aujourd'hui, p. 127.)

2. Sur ces variétés de la couleur que l'on tirait de ces différentes coquilles, voir Pline
(H. N., 62-64).
 
Annotationen