Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0895

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE ROLE HISTORIQUE DES PHÉNICIENS. 885

voisins, puis, s'ils n'avaient pas écoulé leur pacotille, ils emballaient
à nouveau tout ce qui ne s'était pas trouvé d'une facile défaite, et,
vidant et remplissant toujours ainsi les flancs de leurs navires, ils
allaient plus loin, jusqu'à ce qu'ils eussent trouvé des clients plus
empressés et de meilleure composition; ils poussaient devant eux,
jusqu'à ce qu'une cargaison recueillie un peu partout et faite de
denrées exotiques eût remplacé celle qu'ils avaient mise à bord en
Syrie. Ils étaient partis emportant des vases de terre et de métal, des
verres, des amulettes et des bijoux; ils revenaient rapportant des peaux,
des plumes et des œufs d'autruche ou des saumons de plomb, de cuivre
et d'étain, suivant que leur campagne avait atteint son terme sur les
côtes brûlantes de l'Afrique ou clans les brumeuses mers du Nord, le
long des terres habitées par les Celtes. Au retour, ils faisaient de
même plus d'une escale, laissant et prenant quelque chose dans chaque
comptoir où ils se reposaient et se ravitaillaient, à chacune des tribus
barbares qu'ils visitaient au passage. Quand l'hiver les prenait en
route, ils faisaient relâche jusqu'à ce que le printemps eût aplani
les flots et rouvert les chemins; plus d'un, qui avait quitté, jeune
encore, sa famille et sa maison, n'y rentrait que la barbe déjà grison-
nante.

Les Phéniciens ne nous ont légué que des textes épigraphiques
dont la sèche brièveté ne nous donne pas cette vue nette du passé,
cette sorte d'hallucination que poursuit l'historien; quand nous voulons
faire revivre ces hommes de Sidon et de Tyr, nous les représenter
tels qu'ils étaient pendant ces sept ou huit siècles où ils ont été maîtres
des eaux de la Méditerranée, c'est encore aux Grecs, c'est à Homère et
à Hérodote qu'il faut demander les traits et les couleurs de ce tableau;
c'est là que nous comprenons comment ces marins et ces négociants
s'étaient rendus nécessaires aux peuples à demi sauvages de l'Europe,
sans chercher d'ailleurs à leur inspirer ni sympathie ni estime. Ils
étaient à la fois attendus avec impatience, pour tout ce qu'ils fournis-
saient de brillant ou d'utile, et redoutés pour leur âprelé au gain, pour
leur perfidie, pour leurs méfaits. On savait que, par ruse ou par force,
ils prenaient ce qu'on ne leur vendait pas, qu'ils faisaient le commerce
des esclaves et que tous les moyens leur étaient bons pour s'emparer,
par force ou par ruse, d'une belle fille ou d'un enfant. On ne pouvait se
passer d'eux et on les craignait, on les détestait. On les appelait xoXuxai-
raxXoi, les hommes « très fins », ceux « qui savaient tromper », i-y-r,-
Xia ei^oTe-, ceux « qui exploitaient, qui dévoraient », rpûxTai, et « qui
 
Annotationen