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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0897

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LE HOLE HISTORIQUE DES PHÉNICIENS.

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sens, et, dit Homère, « le regardent des yeux »; on parle du prix.
Cependant le marchand, par signe, a fait comprendre à la servante
qu'elle doit se rendre au bateau; elle sort avec le petit Eumée, non
sans emporter trois coupes; quelques heures après, les Phéniciens
avaient disparu. Au bout de six jours, la nourrice mourait en mer, d'un
accident; les marins abordèrent à Ithaque, où ils vendirent Eumée '. »

Tel était dans bien des cas le commerce phénicien; il se faisait à
loisir et longuement; il consistait surtout à échanger des œuvres manu-
facturées contre des produits naturels ; il était dans les habitudes du
temps; s'il inspirait de la défiance, il était cependant régulier à sa
manière; il s'exerçait publiquement et sans entraves; ces enlèvements
de femmes ou d'enfants n'étaient que des incidents auxquels, avec les
mœurs d'alors, on n'attachait qu'une importance secondaire. Les
Phéniciens qui ont dérobé le petit Eumée ont vécu librement durant
une année entière dans le port de Syros; ils ont passé bien des fois
devant le péristyle sous lequel Ctésios buvait et dissertait avec les
notables; ni le peuple ni les rois n'ont pressé ces étrangers de
reprendre la mer. Sans doute l'équipage qui avait commis cet acte de
violence n'aurait pas osé de longtemps se représenter à Syros; mais
Tannée suivante d'autres Phéniciens peut-être y ont abordé et n'ont
pas été repoussés, tant on avait besoin d'eux et de leurs marchandises;
les insulaires en ont été quittes pour se mieux garder.

Plus court, moins circonstancié, moins pittoresque, le récit que
fait Hérodote, à la première page de son histoire, au sujet de
l'enlèvement d'Io, laisse la même impression : « Les Phéniciens,
dit-il, entreprirent de longs voyages sur mer, aussitôt après s'être
établis clans le pays qu'ils possèdent encore aujourd'hui; ils transpor-
tèrent des marchandises d'Egypte et d'Assyrie en diverses contrées,
entre autres à Argos. Cette ville surpassait alors toutes les cités du
pays aujourd'hui connu sous le nom de Grèce. Les Phéniciens, y ayant
abordé, se mirent à vendre leurs marchandises. Cinq ou six jours après
leur arrivée, la vente étant presque finie, un grand nombre de femmes
se rendirent sur le rivage, et parmi elles la fille du roi;.... celle-ci

I. Nous empruntons cette page et plusieurs des réflexions qui précèdent à l'ouvrage,
malheureusement inachevé, d'Albert Dumont. du confrère et de l'ami que nous avons eu
tout récemment la douleur de perdre (tes Céramiques de la Grèce propre. Vases peints
et terre* cuites. Pages 145-146). Deux livraisons seulement ont paru, sur les quatre dont
ce livre devait se composer. Le troisième fascicule était déjà préparé pour l'impression.
Nous souhaitons vivement que. sur les notes laissées par l'auteur et sur les planches déjà
toutes tirées, un des élèves de M. Dumont puisse terminer le monument commencé.
 
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