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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0903

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I

LE ROLE HISTORIQUE DES PHÉNICIENS. 893

d'une puissante enceinte; l'intérieur du pays, ils le laissaient aux indi-
gènes, et ils tâchaient de s'arranger pour vivre en bons termes avec
eux, pour les rendre tributaires de leur commerce et de leur industrie.
En concentrant ainsi leurs forces et en les ménageant, ils avaient pu
entourer toutes les mers où ils naviguaient d'un réseau de postes soli-
dement gardés; ils sauvaient leur infériorité numérique par la supé-
riorité de leur prévoyance et de leur habileté.

On a peine à comprendre, au premier moment, que ce peuple, dont
le commerce était le grand souci, n'ait pas inventé la monnaie ; à la
réflexion, rien ne paraît plus naturel. Le genre de trafic auquel il s'est
livré durant un millier d'années n'en comportait pas l'emploi et par
suite n'en suggérait pas l'idée. Ni l'Egypte ni la Chaldée, avec lesquelles
les Phéniciens firent leurs premières affaires, ne connaissaient le mon-
nayage du métal. Quant à toutes ces tribus insulaires et continentales
qu'ils s'enhardirent bientôt à visiter, la monnaie aurait été alors en
usage que l'on n'aurait pas songé à la leur offrir. Avec elles, tout le
commerce était un commerce de troc, qui n'exigeait même pas, comme
àMemphis ou à Babylone, le pesage des métaux précieux. Ces peuplades
ne connaissaient pas encore la convention en vertu de laquelle, pour
faciliter les transactions, Égyptiens et Assyriens évaluaient le plus
souvent en poids d'or ou d'argent le prix des objets les plus utiles à la
vie. Chez ces peuplades, comme on le fait encore aujourd'hui sur la
côte de Guinée, on échangeait directement les unes contre les autres
les denrées les plus différentes; c'étaient ces opérations qui donnaient
aux négociants phéniciens les plus beaux bénéfices.

L'accoutumance de plusieurs siècles avait rendu familière aux
Phéniciens cette manière de procéder; ils n'en concevaient pas d'autre.
Cependant, par suite des progrès de la civilisation dans le bassin de la
Méditerranée, ces marchands toujours à l'affût de ce qui pouvait
faciliter leurs transactions auraient peut-être été conduits, par la force
des choses, à chercher un moyen d'échange plus commode et plus
sûr; mais alors déjà leurs élèves d'hier, devenus leurs rivaux, avaient
fait dans celte voie; un pas décisif; en Lydie et à Égine, on avait
commencé de frapper l'or et l'argent. Si les Phéniciens n'avaient pas
pris l'initiative de celte pratique, ils s'empressèrent du moins de l'a-
dopter. Dès le commencement du vi° siècle, les villes de la côte de
Syrie et de Cypre avaient leurs monnaies.

L'anomalie n'est donc qu'apparente. Peuple utilitaire, sans cesse
préoccupés d'atteindre le but avec aussi peu de frais que possible, les
 
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