Ê6 Sages.se, Chap. VI.
avec Horreur j on s’entretient de leur Dureté j on s’en avertit
mutuellement comrne pour se précautionner contre des Gens,
qui ont des Principes st odieux. On sçait très-bien distinguer
une Personne charitable , d’avec celle qui manque de Charité.
On marque d’une Notte d’Infamie cette dernière j & l’on se
dit les uns aux autres : Voyez cet Avare qui possède luiseul plus
de Bien que dix Familles entières ; voyez comme ilentasse avec
avidité, & comme il refuse cruellement aux pauvres quelque
Portion de ces biens, que la Mort va lui enlever. Voyez comme
il ess impatient, chagrin , soupçonneux & bizarre ; il ess à
charge à toutes sortes de Gens , haï de ses Domessiques qu’il
ne paye pas j regardé avec horreur par les Pauvres , auxquels
II ne donne pas j abandonné de ses Proches, qu’il n’assiste pas ;
odieux à ses propres Enfans, à FÉtablissement desquels il ne
pense pas ; détessé par une Femme, qui se voit traitée en Étran-
gère dans sa propre Maison : enffn le Jouèt & la Fable des
compagnies / jusqu’à n’oser se montrer ; ennemi de lui-même,
jusqu’à se refuser le nécessaire. Voyez cette Femme ss superbe
& ss orgueilleuse , qui étale avec tant de Fasse, sa Vanité aux
yeux de tout un Grand Peuple -, voyez comme elle fait expier
aux Pauvres les crimes de son Orgueii -, & comme elle retranche
de leur subssance, de quoi fournir à sa Mondanité. On fait plus j
on compte , on calcule , on assemble j chacun dit son mot :
chacun rapporte son hissoire j & de tous les traits ramassés 9
résulte un Portrait Odieux que chacun déteste. M, Saurin.
De rinprratitude.
&
ï . À conssdérer la Rareté des gens qui aiment à Obliger, Ie
nombre des ingrats ess fort petit. II y a cependant des Ingrats s
& je le dirai à la honte de la Nature Humaine, presqu’autant
que de Bienfaiteurs. Mais dissinguons-en de trois sortes. Les
avec Horreur j on s’entretient de leur Dureté j on s’en avertit
mutuellement comrne pour se précautionner contre des Gens,
qui ont des Principes st odieux. On sçait très-bien distinguer
une Personne charitable , d’avec celle qui manque de Charité.
On marque d’une Notte d’Infamie cette dernière j & l’on se
dit les uns aux autres : Voyez cet Avare qui possède luiseul plus
de Bien que dix Familles entières ; voyez comme ilentasse avec
avidité, & comme il refuse cruellement aux pauvres quelque
Portion de ces biens, que la Mort va lui enlever. Voyez comme
il ess impatient, chagrin , soupçonneux & bizarre ; il ess à
charge à toutes sortes de Gens , haï de ses Domessiques qu’il
ne paye pas j regardé avec horreur par les Pauvres , auxquels
II ne donne pas j abandonné de ses Proches, qu’il n’assiste pas ;
odieux à ses propres Enfans, à FÉtablissement desquels il ne
pense pas ; détessé par une Femme, qui se voit traitée en Étran-
gère dans sa propre Maison : enffn le Jouèt & la Fable des
compagnies / jusqu’à n’oser se montrer ; ennemi de lui-même,
jusqu’à se refuser le nécessaire. Voyez cette Femme ss superbe
& ss orgueilleuse , qui étale avec tant de Fasse, sa Vanité aux
yeux de tout un Grand Peuple -, voyez comme elle fait expier
aux Pauvres les crimes de son Orgueii -, & comme elle retranche
de leur subssance, de quoi fournir à sa Mondanité. On fait plus j
on compte , on calcule , on assemble j chacun dit son mot :
chacun rapporte son hissoire j & de tous les traits ramassés 9
résulte un Portrait Odieux que chacun déteste. M, Saurin.
De rinprratitude.
&
ï . À conssdérer la Rareté des gens qui aiment à Obliger, Ie
nombre des ingrats ess fort petit. II y a cependant des Ingrats s
& je le dirai à la honte de la Nature Humaine, presqu’autant
que de Bienfaiteurs. Mais dissinguons-en de trois sortes. Les