§tJR L E S LaNGUES, 1 CCXXV
les Êlémens d’Euclide, & l’Almageste de Ptolemée ; qu’il n’en employa
que huit à apprendre la Médecine , à lire tous les Auteurs qui avoient
écrit avant lui de cet art. Mais , entre tous les Dofteurs dont il avoit
lû les Ouvrages, il ne regardoit qu’Alfarabi pour sonmaître. C’est pour-
quoi Algazali dans son Livre intitulé , Moukedh Men Aldhelal ; c’est-à-
dire, le Préservatif de l’Erreur, accuse également Alfarabi, & Ebn
Sina d’être tombés dans l’impiété , pour s’être plus attachés à suivre les
opinions des Philosophes , que les Principes & les Maximes de PAlco-
ran. Le mêine Ben Schûhnah cependa.nt dit , que plusieurs Doftetirs
Musulmans ont soutenu , qu"’Aviçenne étoit rentré lîir la fin de sa vie
dans le bon chemin.
L’Auteur du Nighiaristan rapporte , que Mahmoud, fils de Sebekteg-
hin , premier Sultan de la Dynastie des Gaznevides , ayant appris qu’il
y avoit à la Cour de Mamon , Roi de Khouarezm , piusieurs personnes
de mérite qui s’étoient distinguées en diverses sortes de Sçiences, par-
mi lesquell-es Abou Alï Ebn Sina se trouvoit, ce Prince eut la curiosité
de les voir, & dépêcha pour cet efret plusieurs couriers à Mamon,
pour le prier de les faire paster en Khorasisan auprès de lui.
Plusieurs d’entre ces Dofteurs acquiescèrent aux volontés du Sultan.
Mais Aviçenne refusa toujours constamment d’aller le trouver. II fallut
cependant qu’il quittât la Cour de Mamon , & qu’il partît avec les
autres. Mais au lieu de prendre la route du Khorastàn, il prit celle da
Giorgian.
Le Sultan Mahmoud ne voyant point paroître à sa Cour Aviçenne
avec les autres, & fort irrité de son refus, envoya aes portraits crayon-
nés de ce Philosophe en divers endroits pour le faire arrêter sur les
chemins , en cas qu’il fiit reconnu ; mais , ce fut en vain : car il étoit
déja arrivé dans le Caravansera, ou Hôtellerie publique de la Ville de
Giorgian , oii ii faisoit des cures admirabies,
Cabous , qui règnoit pour lors dans le Pays de Giorgian , ayant ap-
pris des nouvelles d’un inconnu , qui éxerçoit la Médecine avec tant
de succès , le sit appeller pour visiter un Neveu qu’il aimoit extrème-
ment, & qui étoit pour lors allité & attaqué d’une maladie qu’aucun
Médecin du Pays n’avoit pu connoître. Aviçenne n’eut pas plûtôt tou-
ché le poulx du Malade , &c considéré son urine, qu’il jugea que 'sa Ma-
Tome II* f s
les Êlémens d’Euclide, & l’Almageste de Ptolemée ; qu’il n’en employa
que huit à apprendre la Médecine , à lire tous les Auteurs qui avoient
écrit avant lui de cet art. Mais , entre tous les Dofteurs dont il avoit
lû les Ouvrages, il ne regardoit qu’Alfarabi pour sonmaître. C’est pour-
quoi Algazali dans son Livre intitulé , Moukedh Men Aldhelal ; c’est-à-
dire, le Préservatif de l’Erreur, accuse également Alfarabi, & Ebn
Sina d’être tombés dans l’impiété , pour s’être plus attachés à suivre les
opinions des Philosophes , que les Principes & les Maximes de PAlco-
ran. Le mêine Ben Schûhnah cependa.nt dit , que plusieurs Doftetirs
Musulmans ont soutenu , qu"’Aviçenne étoit rentré lîir la fin de sa vie
dans le bon chemin.
L’Auteur du Nighiaristan rapporte , que Mahmoud, fils de Sebekteg-
hin , premier Sultan de la Dynastie des Gaznevides , ayant appris qu’il
y avoit à la Cour de Mamon , Roi de Khouarezm , piusieurs personnes
de mérite qui s’étoient distinguées en diverses sortes de Sçiences, par-
mi lesquell-es Abou Alï Ebn Sina se trouvoit, ce Prince eut la curiosité
de les voir, & dépêcha pour cet efret plusieurs couriers à Mamon,
pour le prier de les faire paster en Khorasisan auprès de lui.
Plusieurs d’entre ces Dofteurs acquiescèrent aux volontés du Sultan.
Mais Aviçenne refusa toujours constamment d’aller le trouver. II fallut
cependant qu’il quittât la Cour de Mamon , & qu’il partît avec les
autres. Mais au lieu de prendre la route du Khorastàn, il prit celle da
Giorgian.
Le Sultan Mahmoud ne voyant point paroître à sa Cour Aviçenne
avec les autres, & fort irrité de son refus, envoya aes portraits crayon-
nés de ce Philosophe en divers endroits pour le faire arrêter sur les
chemins , en cas qu’il fiit reconnu ; mais , ce fut en vain : car il étoit
déja arrivé dans le Caravansera, ou Hôtellerie publique de la Ville de
Giorgian , oii ii faisoit des cures admirabies,
Cabous , qui règnoit pour lors dans le Pays de Giorgian , ayant ap-
pris des nouvelles d’un inconnu , qui éxerçoit la Médecine avec tant
de succès , le sit appeller pour visiter un Neveu qu’il aimoit extrème-
ment, & qui étoit pour lors allité & attaqué d’une maladie qu’aucun
Médecin du Pays n’avoit pu connoître. Aviçenne n’eut pas plûtôt tou-
ché le poulx du Malade , &c considéré son urine, qu’il jugea que 'sa Ma-
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