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Pirenne, Henri; Cohen, Gustave; Focillon, Henri
(Histoire du moyen âge ; 8): La civilisation occidentale au Moyen Âge du XIe au milieu du XVe siècle — Paris, 1933

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https://doi.org/10.11588/diglit.45395#0583

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L’EXPANSION. L’ANGLETERRE. L’ALLEMAGNE 57I
dans les programmes. Mais ils n’en déduisaient pas un style. L’ogive
restait un procédé, non une pensée architecturale. L’Allemagne
demeurait attachée au type des basiliques du Rhin, avec leurs sur-
vivances carolingiennes et leur plastique monumentale « lombarde ».
L’unité, l’homogénéité, la massivité de ce style pesaient sur le déve-
loppement de l’art germanique et lui imposaient la lenteur du mouve-
ment. Le xme siècle y demeure roman, soit dans la composition des
plans, soit dans la composition des masses. Plan en rotonde à Saint-
Géréon de Cologne, plan tréfilé à Bonn et à Marbourg, plan à double
abside à Bamberg. La conception de la travée demeure archaïque, une
travée de nef pour deux travées de bas côté, où persiste parfois la voûte
d’arête, comme à Saint-Martin de Worms et à Arnsbourg, tandis que les
absidioles sur le transept conservent le cul-de-four. A Bamberg, à
Bonn, on est frappé par la contradiction entre la structure interne et le
système des masses extérieures, et, dans la structure même, par la
permanence des formes gothiques primitives : point d’arcs-boutants,
des voûtes bombées sur plan carré, des colonnettes à encorbellement.
Ce dernier trait évoque naturellement les Cisterciens. Leur œuvre et
leur action furent considérables dans toute l’Europe centrale : il est
remarquable, d’ailleurs, que leurs premiers établissements en Alle-
magne, Maulbronn et Bebenhausen par exemple, aient été couverts
en charpente. Plus tard, de vastes fondations, Ebrach, Heisterbach,
propageaient en Allemagne des caractères bourguignons qui se
retrouvent à Saint-Sebald de Nüremberg. La Champagne, ou plutôt
le Soissonnais, avait également part à ces influences, par le voûtement
continu du déambulatoire et des chapelles, imité à Lübeck. Mais c’est
une question de savoir si Notre-Dame de Trêves combine le quatre-
feuille avec le plan de Saint-Yvecl de Braisne, qui est peut-être lui-
même d’origine germanique. Enfin les églises du Domaine exerçaient
une action incontestable, notamment par les tours de Laon, qui ont
sans doute servi de modèles à celles de Naumbourg et de Magdebourg.
Mais il est intéressant de voir à Limbourg sur la Lahn, consacré en 1235,
l’ordonnance et les chapiteaux de nos grandes églises à tribunes du
xne siècle s’associer au système roman des arcatures et des bandes, et
les chapelles absidales se présenter comme des niches évidées dans un
gros de mur. Romanes encore, par le système d’équilibre, les églises
westphaliennes à trois nefs d’égale hauteur, dont les voûtes bombées sur
plan carré comportent des liernes, et qui, dépourvues d’arcs-boutants,
offrant une masse continue, sans transept, sans déambulatoire, peuvent
être rattachées aux églises françaises du Sud-Ouest : les relations com-

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