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Pouqueville, François Charles Hugues Laurent
Grèce — Paris, 1835

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https://doi.org/10.11588/diglit.10181#0052
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GRÈCE.

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méridionale. Kilos députaient à ce con-
grès des représentants, dont le nombre
fut de cent à cent vingt-quatre am-
phictyons.

Delphes, située à peu près au rentre
des états de la Grèce,avait été destinée
pour tenir l'assemblée du printemps;
et celle d'automne continua, comme
dans l'origine, à se réunir aux Ther-
mopyles. Avant d'entrer dans aucune
délibération, chaque député faisait ser-
ment : « De ne jamais détruire aucune
" ville ampbictyonique; de ne point
« intercepter le cours des rivières: et
« de punir, autant qu'il serait en son
« pouvoir, ceux qui se rendraient cou-
« pàbles de pareils attentats. »

Les amphictynns n'avaient aucune
autorité coercitive ; mais ils acquirent
une puissante considération dès qu'ils
se furent déclarés tuteurs et protec-
teurs de l'oracle d'Apollon, dont le
crédit augmentait à mesure que la
civilisât!' n faisait des propres.

Strabon et Pausanias nous appren-
nent que, dans les sièeles héroïques ,
les oracles avaient peu d'influence,
parce que les rois prétendaient être les
médiateurs directs entre le peuple et
les dieux. Mais quand le pouvoir royal
s'affaiblit ou cessa d'exister, la con-
fiance dans les oracles auirmenta, et
l'influence des ministres, qui interpré-
taient leurs réponses, devint capable
de renverser tout autre principe d'au-
torité.

Le musicien Alcinoiis, chantant aux
bannuets d'Agamcmnon, qui l'écou-
tail avec délices, rappelle l'oracle émané
de Phrebus Apollon établi dans l'opu-
lente Pytho, et nous donne ainsi le
nom primitif de Delphes. Lorsque les
dieux réenaient dans la Grèce, la terre
y rendait des oracles par la voix de
Daphné, l'une des nymphes du Par-
nasse. Ce souvenir était consinné dans
des cantiques attribués à Eumolpe.
Neptune v prophétisa ensuite par Poï-
ganede Pyreon; et Thémis, qui lui
succéda, en concéda la propriété au
fils de Jupiter et de Latone : ainsi
Apollon ne fut que la troisième divi-
nité qui régna sur le Parnasse.
. La croupe de cette montagne, sur

laquelle Delphes fut bâtie (*) (voyez
planche 12), formait un amphithéâ-
tre élevé dans les airs, où l'on n'ar-
rivait du côté de l'occident que par
une voie taillée dans le roc, pareille
aux degrés d'un troue. Ln soupirail,
d'où sortaient des vapeurs enivrantes,
fut l'endroit où était placé le siège
de la prêtresse d'Apollon; inspirée et
hors d'elle-même, elle rendait, en vers
ambigus, des oracles nui firent dire
plus d'une fois que le dieu de la Ivre
était un mauvais poète.

Ces réponses étaient, à la vérité,
rédigées par des prophètes attachés au
temple de Delphes; ils étaient chargés
de psalmodier les offices, ce qui n'exi-
geait ni verve, ni inspiration. Ils na-
geaient, dit Lucien, dans l'abondance
des biens du monde, sans avoir besoin
de labourer et d'ensemencer les
terres. Indépendamment des héca-
tombes parfaites dont ils s'engrais-
saient , ils jouissaient du fruit des
dîmes établies sur vingt-deux cantons
qui dépendaient de Delphes.

Les prêtres, dépositaires des con-
naissances historiques , racontaient
comment la montagne poétique avait
emprunté son nom de Parnassos, fils
de Cléopompe et de la nymphe Cléo-

(*) En sortant de Crissa pour monter i
Delphes, on a sur la gauche le Parnasse,
et à droite le mont Cirpuif. On suit un che-
min taillé en galeries spacieuses, (pie le
temps a dégradées et rendues d'un accès
difficile. Aux flancs du rocher qui borde la
roule sur la gauclie, on remarque des grottes
sépulcrales dont l'ouverture est sculptée en
arcade ; quelques-unes de ces chambres
contiennent jusqu'à trois sarcophages placés
dans une cavité arrondie,et un bloc de pierre
isolé foniieà lui seul un tombeau monolilhe.
On trouve près de Delphes la fontaine
Castalie, qui donne naissance au Pléisthos,
donl on aperçoit le cours au bas des rochers.
Aux lieux ou fut la ville, on rencontre des
marbres, des pans de murs, des décrets,
des consécrations gravés sur les rochers.
L'emplacement du gymnase, la cella du
temple d'Apollon , les roches Phédriades qui
dominent Delphes, terminent la perspec-
peclive. {for. Je la Grèce, Polquevili.e ,
t. IV.liv. XI, c i, a'édiu).
 
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