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Pouqueville, François Charles Hugues Laurent
Grèce — Paris, 1835

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https://doi.org/10.11588/diglit.10181#0063

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38

L'UNIVERS.

« à la Messénie tout entière, à moins
« nue leur bravoure, par un noble ef-
« fort, ne l'emportât sur le nombre
« et la discipline des Spartiates. »

Les Messéniens, venus à portée de
se faire entendre, reprochaient aux
Spartiates leur avidité; le mépris pour
le sang dorien qui coulait dans les vei-
nes des deux nations ; le dédain sacri-
lège pour leurs dieux communs et pour
le nom révéré du grand Hercule, fon-
dateur des deux royaumes. De ces re-
procbes on en vint à la violence des
armes. Quelques Messéniens, sortis
de leurs rangs, voulurent porter les
premiers coups à la phalange ennemie,
rangée en bataille ; mais à l'ardeur gé-
néreuse de ces champions les Spar-
tiates n'opposaient que l'intrépidité
constante d'une valeur disciplinée.

La bataille, qui devint générale,
montra l'exaltation de la fureur portée
à un tel point, qu'aucun soldat des
deux armées ne tenta de llécbir la
cruauté du vainqueur. Les rois eux-
mêmes vinrent dans la chaleur de l'ac-
tion à s'attaquer en combat singulier.
Théopompe délia le premier Euphaès,
qui s écria : « Voilà Polynice qui tua
« de sa main un frère, dont il reçut
« au même instant le coup mortel. »

A ces mots, les troupes se raniment;
les corps d'élite, qui veillaient particu-
lièrement à la garde des princes, se
serrent autour d'eux. On se heurte ;
les soldats de Théopompe sont rom-
pus , il est forcé de céder et de battre
enretra te. Dans le même temps, l'aile
droite des Messéniens, qui avait perdu
son chef Pytharatcs, succombait sous
les efforts de Polydore et de ses Spar-
tiates: Enfin, la nuit ayant arrêté un
combat funeste aux deiix partis, on
convint d'une trêve pour ensevelir
les morts, ce qui était l'aveu tacite
d'une défaite mutuelle.

Siège n'iTiiô.ME. — Cependant les
résultats de cette bataille n'étaient pas
comparables des deux côtés. Les Mes-
séniens, moins nombreux que leurs ad-
versaires, ne pouvaient pas se recruter
avec la même facilite. Une grande
partie de leurs esclaves était passée
a l'ennemi et une maladie contagieuse

ne tarda pas à les réduire aux derniè-
res extrémités. Au milieu de ces dé-
sastres , les Spart ates continuaient
leurs dévastations, et Euphaès fut
obligé de se retirer dans les escarpe-
ments du mont Ithème, aujourd'hui
Vourcano. La ville d'Ithôme, fortifiée
par la nature, était environnée d'un
rempart qui défiait toutes les machines
de guerre connues à cette époque (*).
(Voy. pl. I I.)

Renfermés dans Ithôme , les Messé-
niens ne tardèrent pas à éprouver la
famine, qui augmenta les ravages de la
peste parmi des hommes entassés dans
une étroite enceinte. Témoin de tant
de maux, Euphaès envoya un député
à Delphes, afin de savoir par quel
sacrifice les Messéniens pourraient
apaiser la colère des dieux irrités. A
son retour à Ithôme, il déclara la
triste réponse d'Apollon : L'oracle de-
mande le sang innocent d'une cierge
issue de nos rois.

Cette horrible sentence est reçue
avec soumission : le sort tombe sur
la fille de Lyciscos, qui est désignée
au couteau sacré. Son père gémit. Il
en appelle au devin Ephébolos, qu'il
avait peut-être séduit. Celui-ci déclare
que la princesse est un enfant supposé
par l'épouse de Lyciscos pour cacher
sa stérilité. On s'agite, et, profitant
du trouble, le père de la victime s'en-
fuit avec elle et se réfugie chez les
implacables ennemis de sa patrie.

Dès que l'évasion de Lyciscos et de
sa fille tut connue, les Messéniens fu-
rent plonges dans une consternation
profonde. Il serait difficile de dire
quelles en auraient été les conséquen-
ces , si Arist dème, descendant d'une
branche collatérale d'Hercule, n'eût
volontairement offert uneautre victime
pour le salut public, en dévouant sa

(*) Cette planche offre les ruines des murs
et des totirsqui ehfenuaienl I" ville de Mes-
sène et le mont ÈUiôuie, au sotiimel duquel
011 apereofi fe rduveut de "Voureano, rmi-
struîl sur l'emplaremènl du temple de Ju-
pitér rtboinéenj dans l'enceinte de la Forte-
resse d'Hira. A droile est le inunt Evan; et
dans le fond on aperçoit les cimes du Taygète.
 
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