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Pouqueville, François Charles Hugues Laurent
Grèce — Paris, 1835

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https://doi.org/10.11588/diglit.10181#0110
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GRÈCE.

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ils se seraient peut-être abandonnés
eux-mêmes : mais Tbémisloele, qui
prévoyait tout sans rien craindre,
eomrne il prévenait tout sans rien ha-
sarder, avait pris de si justes mesures,
•pie cet événement ne servit qu'à prou-
ver la bonté du système de défense
jJU'jl avait conçu dès le commencement
de la guerre médique.

dévastation DE la PlIOCIDE ET

Di; la Héotie. L'armée persane
ayant pénétré dans la Phoeide, se parta-
gea en deux divisions, alin de subsister
plus commodément et de détruire le
plus complètement possible les pos-
sessions des Hellènes. Un de ces corps
d'armée vint camper autour du lac
Copaïs, où florissaient les villes de
Cbaradra, Néon , Klatée et Abé.
Cette dernière place était singulière-
ment respectée à cause d'un temple
d'Apollon, mais rien ne fut sacré pour
les Barbares: l'oracle, qui passait pour
infaillible, fut renversé ; lxoaunes, fem-
mes , enfants, devinrent les victimes
de la fureur et de la brutalité des en-
nemis.

L'autre division de l'armée per-
sane saccagea la Béotie et le pays
fjui s'étend jusqu'au .Mont-Parnasse.

On tremblait pour Delphes. Ses ri-
chesses immenses étaient, dit-on,
aussi exactement connues de Xerxès,
(jue celles de son propre trésor. Alors
on eut recours à I oracle pour savoir
si on les transporterait dans quelque
contrée voisine. La pythie répondit
« que les armes d'Apollon seraient
" suffisantes pour la défense de son
« temple. »

D'après cette réponse, les Delphiens
ne songèrent plus qu'à mettre leur
vie en sûreté, les uns, en se réfugiant
dans l'Achaïe, et les autres en se dis-
persant dans les escarpements du Par-
nasse et du mont Lycorée.

On croit que la réponse de la pythie
Servit à donner le change au public,
et que les trésors et les objets les plus
précieux du temple d'Apollon furent
Secrètement envoyés au temple de
Dodone en Kpire. Par là s'expliquerait
le peu d'insistance que les Perses mi-
rent à s'emparer de Delphes , sans

avoir besoin de recourir à un miracle,
afin d'expliquer leur retraite.

l'.VACUATIOX ET IXCEXDIE n'A-

thèxks. — Tandis que ces choses se
passaient, Thémistocle ne cessait de
représenter aux Athéniens qu'il était
temps de quitter des lieux que la co-
lère céleste livrait à la fureur des Per-
ses ; que la flotte leur offrait un asile
assure ; qu'ils trouveraient une nou-
velle patrie partout où ils pourraient
conserver leur liberté. Il appuyait ces
remontrances par des oracles qu'il avait
obtenus de la pythie ; et lorsque le
peuple fut assemblé, un incident, adroi-
tement ménagé, acheva de déterminer
la multitude.

Les prêtres vinrent annoncer que
le serpent sacré, qu'on nourrissait
dans le temple de Minerve , venait de
disparaître. « La déesse abandonne ce
« séjour, s'écrièrent-ils; que tardons-
« nous à la suivre? »

Aussitôt le peuple confirma le dé-
cret suivant, proposé par Thémisto-
cle : « Qu'Athènes serait mise sous la
« protection de Minerve; que tous les
« habitants en état de porter les armes
« passeraient sur les vaisseaux ; que
« chaqueparticulierpourvoirait àlasd-
« retéde sa femme, Je ses enfantsetde
« ses esclaves. » Le peuple était telle-
ment animé, qu'au sortir de l'assem-
blée il lapida Cyrsilos et sa femme,
parce que cet orateur avait proposé de
se soumettre aux Perses.

L'exécution du décret qu'on venait
de rendre offrit un spectacle déchi-
rant. Les habitants de l'Attique , obli-
gés de quitter les temples des dieux ,
leurs foyers, leurs campagnes et les
tombeaux de leurs pères, faisaient re-
tentir les plaines de leurs cris lugu-
bres. « Et si y avoit ne sçay quoi de
« pitoyable qui attendrissoit lescueurs,
« quand on voyoit les bestes domesti-
« ques et privées, qui couroient çà et
« là avec hurlements et signifiante de
« regret après leurs maîtres et ceulx
« qui les avoient nourries. » A me-
sure qu'on arrivait au bord de la mer,
les vieillards, les femmes et les en-
fants , étaient embarqués pour Égine,
Trézènc et Salamine , tandis que les
 
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