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L'UNIVERS
non sans quelque émotion à ce qui
allait se passer, le sommeil tarda
long-temps à appesantir ses paupières,
et il dormait profondément, lorsque
ses généraux, rassemblés devant sa
tente, étonnés de ne pas le trouver
sur pied, donnèrent aux troupes l'or-
dre de prendre de la nourriture. Pen-
dant ce temps, Parménion étant en-
tré dans la tente du roi, lui témoi-
gna sa surprise de ce qu'il dormait si
tranquillement au moment d'une ba-
taille qui allait décider de son sort.
Eh! comment ne serions-nous pas
tranquilles, quand l'ennemi vient de
lui-même se livrer entre nos mains !
Il demanda aussitôt ses armes et son
cheval.
Plutarque décrit l'armure d'Alexan-
dre en style homérique : « Son casque,
a plus brillant que le pur argent, était
« l'ouvrage de Théophyle; son épée,
« très-légere et d'une trempe admira-
it ble , lui avait été donnée par la ville
« de Cition ; sa cotte d'armes, pré-
ci sent magnifique de la ville de Rho-
« des, était de la fabrique d'Hélicon,
« fils d'Acésas. »
BATAILLE D'AMSELLES,
i octobre 33i.
Les trompettes venaient à peine de
donner le signal du combat, que les
deux armées, bien différentes pour le
nombre, et encore plus par le cou-
rage, s'ébranlèrent. Du côté des Ma-
cédoniens tout était force et nerf; au
lieu que du côté des Perses , c'était
un grand assemblage d'hommes et
non de soldats : nomina vertus quam
auxi/ia. La cavalerie engagea l'action,
et ce ne fut pas sans peine que celle
d'Alexandre parvint à repousser les
escadrons des barbares.
Alors les Perses lancèrent leurs
chariots armés de faux contre la pha-
lange macédonienne ; mais le bruit
que firent les soldats en frappant leurs
boucliers, et les traits que les peltas-
tes faisaient pleuvoir de toutes parts,
effarouchèrent les chevaux et en fi-
rent tourner un grand nombre contre
leurs propres troupes ; d'autres, saisis-
sant les rênes des coursiers, renver-
saient les cochers, qu'ils tuaient. Une
partie des chars passa cependant entre
les bataillons, qui s'ouvrirent pour leur
faire place, comme cela leur avait été
commandé, et par ce moyen ils n'en
éprouvèrent presque aucun dommage-
Alexandre, apercevant que Darius
mettait toute son armée en mouvement
pour tombersur lui, eut recours au pres'
tige, afin d'encourager ses soldats. Au
plus fort de la mêlée, le devin AristaB"
dre, vêtu de sa robe blanche, tenant
une branche de laurier à la main, s'»'
vança au milieu des troupes, en criant
qu'il voyait voler tm aigle au-dessv?
de la tète d'Alexandre. 11 montra»
de la main l'oiseau aux soldats, qu'i
croyant le voir, chargèrent avec ar-
deur, et dégagèrent l'aile droite de
l'armée macédonienne, prête à être
enveloppée par la cavalerie des bar-
bares.
Dans ce moment* Alexandre se re-
plia pour attaquer le centre de l'armée
persane. Darius était sur un chari
et Alexandre à cheval, tous deux BU"
vironnés d'officiers et de soldats ip
ne demandaient qu'à se sacrifier potir
la gloire de leur prince. La lutte
devint opiniâtre et sanglante; mo|S
Alexandre ayant percé d'un coup ('c
javeline l'éeuyer de Darius, Perses
et Macédoniens crurent que le roi était
tué. Les cris et les hurlements deS
barbares portèrent aussitôt la collu-
sion dans leurs rangs, et le combat
n'offrit plus qu'une scène de carnage-
Alors Darius, tournant son char, P1!*
la fuite ; mais de quel côté se diri-
geait-il? Personne ne put le décoj}"
vrir, car il disparut dans un nuagéjjj
poussière, d'où l'on entendait sort'r
un bruit confus de cris d'hommes i
de pieds de chevaux et de coups de
fouet.
Cependant l'aile gauche, comniai1'
dée par Parménion, se trouvait dans le
plus grand danger. Un corps formi-
dable de la cavalerie des Perses, des
Indiens et des Parthes, ayant renverse
l'infanterie , s'était avancé jusqu'aux
bagages. Dès que les prisonniers IÇS
virent entrer dans le camp retranche)
L'UNIVERS
non sans quelque émotion à ce qui
allait se passer, le sommeil tarda
long-temps à appesantir ses paupières,
et il dormait profondément, lorsque
ses généraux, rassemblés devant sa
tente, étonnés de ne pas le trouver
sur pied, donnèrent aux troupes l'or-
dre de prendre de la nourriture. Pen-
dant ce temps, Parménion étant en-
tré dans la tente du roi, lui témoi-
gna sa surprise de ce qu'il dormait si
tranquillement au moment d'une ba-
taille qui allait décider de son sort.
Eh! comment ne serions-nous pas
tranquilles, quand l'ennemi vient de
lui-même se livrer entre nos mains !
Il demanda aussitôt ses armes et son
cheval.
Plutarque décrit l'armure d'Alexan-
dre en style homérique : « Son casque,
a plus brillant que le pur argent, était
« l'ouvrage de Théophyle; son épée,
« très-légere et d'une trempe admira-
it ble , lui avait été donnée par la ville
« de Cition ; sa cotte d'armes, pré-
ci sent magnifique de la ville de Rho-
« des, était de la fabrique d'Hélicon,
« fils d'Acésas. »
BATAILLE D'AMSELLES,
i octobre 33i.
Les trompettes venaient à peine de
donner le signal du combat, que les
deux armées, bien différentes pour le
nombre, et encore plus par le cou-
rage, s'ébranlèrent. Du côté des Ma-
cédoniens tout était force et nerf; au
lieu que du côté des Perses , c'était
un grand assemblage d'hommes et
non de soldats : nomina vertus quam
auxi/ia. La cavalerie engagea l'action,
et ce ne fut pas sans peine que celle
d'Alexandre parvint à repousser les
escadrons des barbares.
Alors les Perses lancèrent leurs
chariots armés de faux contre la pha-
lange macédonienne ; mais le bruit
que firent les soldats en frappant leurs
boucliers, et les traits que les peltas-
tes faisaient pleuvoir de toutes parts,
effarouchèrent les chevaux et en fi-
rent tourner un grand nombre contre
leurs propres troupes ; d'autres, saisis-
sant les rênes des coursiers, renver-
saient les cochers, qu'ils tuaient. Une
partie des chars passa cependant entre
les bataillons, qui s'ouvrirent pour leur
faire place, comme cela leur avait été
commandé, et par ce moyen ils n'en
éprouvèrent presque aucun dommage-
Alexandre, apercevant que Darius
mettait toute son armée en mouvement
pour tombersur lui, eut recours au pres'
tige, afin d'encourager ses soldats. Au
plus fort de la mêlée, le devin AristaB"
dre, vêtu de sa robe blanche, tenant
une branche de laurier à la main, s'»'
vança au milieu des troupes, en criant
qu'il voyait voler tm aigle au-dessv?
de la tète d'Alexandre. 11 montra»
de la main l'oiseau aux soldats, qu'i
croyant le voir, chargèrent avec ar-
deur, et dégagèrent l'aile droite de
l'armée macédonienne, prête à être
enveloppée par la cavalerie des bar-
bares.
Dans ce moment* Alexandre se re-
plia pour attaquer le centre de l'armée
persane. Darius était sur un chari
et Alexandre à cheval, tous deux BU"
vironnés d'officiers et de soldats ip
ne demandaient qu'à se sacrifier potir
la gloire de leur prince. La lutte
devint opiniâtre et sanglante; mo|S
Alexandre ayant percé d'un coup ('c
javeline l'éeuyer de Darius, Perses
et Macédoniens crurent que le roi était
tué. Les cris et les hurlements deS
barbares portèrent aussitôt la collu-
sion dans leurs rangs, et le combat
n'offrit plus qu'une scène de carnage-
Alors Darius, tournant son char, P1!*
la fuite ; mais de quel côté se diri-
geait-il? Personne ne put le décoj}"
vrir, car il disparut dans un nuagéjjj
poussière, d'où l'on entendait sort'r
un bruit confus de cris d'hommes i
de pieds de chevaux et de coups de
fouet.
Cependant l'aile gauche, comniai1'
dée par Parménion, se trouvait dans le
plus grand danger. Un corps formi-
dable de la cavalerie des Perses, des
Indiens et des Parthes, ayant renverse
l'infanterie , s'était avancé jusqu'aux
bagages. Dès que les prisonniers IÇS
virent entrer dans le camp retranche)