GRÈCE.
281
monde était fondé sur in croyance
d'un état meilleur et durable après la
"tort. En voyant passer Alexandre,
'« avaient coutume de frapper forte-
ment du pied contre la terre, indi-
quant par là que lui, dont le nom
Emplissait le monde, serait bientôt
confiné dans un étroit tombeau. Les
j'atteurs du roi leur reprochaient, en
le.s menaçant, d'insulter le fils de Ju-
P'ter. Ils répondaient que tous les
'tommes étaient fils d'un seul et même
Dieu; qu'ils méprisaient les faveurs
de leur maître, et bravaient ses châti-
ments, qui ne pouvaient que les dé-
>*vrer d'une enveloppe mortelle.
, Malgré ces dédains, Calanos, qui
ct.ait un de ces gymnosophistes, s'était
déterminé à suivre Alexandre ; il en
Jrt bien traité. Mais comme il entrait
"ans sa quatre-vingt-troisième année,
rtant tombé malade, chose qui ne lui
était jamais arrivée, il prit la résolu-
f'°n de mettre fin à ses jours. En vain
? roi le conjura de renoncer à ce
dessein ; il dut lui permettre de faire
élever un bûcher, sur lequel il voulait
consommer son holocauste. Avant l'ac-
c°mplissement de cette cérémonie, il
reÇut les visites d'adieu de ses amis,
mais il refusa de prendre congé d'A-
'exandre, en disant qu'il le reverrait
f.llabylone. Calanos fut porté en li-
tière au lieu du sacrifice, à la vue de
' armée macédonienne, qui avait ordre
d assister à cette solennité. II s'arran-
gea sur le bûcher; la musique se fit
''"tendre, les soldats poussèrent le cri
de guerre, et l'Indien , après avoir
°dressé un hymne à ses dieux indi-
gnes, expira tranquillement au milieu
des flammes. Ce fut à cette occasion
^"'Alexandre, comme on l'a dit précé-
demment , proposa des prix d'intem-
pérance aux premiers buveurs de son
camp.
FÊTES NUPTIALES.
Alexandre trouva à Suzc toutes les
captives de qualité qu'il y avait lais-
ses. Il épousa la princesse Statvra ,
5 le aînée de Darius, et Parysatis,
u"c puînée d'Ochos; ainsi il eut en
même temps trois femmes, car il était
déjà marié avecRoxane.Voulantqu'Hé-
phestion,son ami le plus tendre, devînt
son beau-frère, il lui donna pour épouse
Drypatis, la plus jeune des filles de
Darius; il unit Cratère à Amastris,
fille d'Oxyarte; enfin il distribua les
autres filles persesou mèdes aux quatre-
vingts principaux officiers de son ar-
mée. Il voulut célébrer, à cette occa-
sion, les noces de neuf ou dix mille
Persanes qui s'étaient mariées ou qui se
marièrent/alors avec des Macédoniens ;
il paya la dot des filles, et donna à
chaque convive une coupe d'or pour
faire des libations : les noces furent
célébrées à la manière des Perses.
Le banquet qu'Alexandre donna à
son état-major avait été préparé dans
une tente supportée par des colonnes
de vingt coudées de haut, revêtues
d'or , d'argent, de pierres précieuses ;
elle était, en outre, décorée de tapis-
series de pourpre tissues d'or. Les
fêtes durèrent cinq jours consécutifs ;
les histrions et les musiciens les plus
célèbres y figurèrent avec éclat. Les
couronnes d'or, dont les envoyés des
différentes villes et quelques parti-
culiers firent hommage au roi, fu-
rent évaluées à quinze mille talents
(82,500,000 fr. )
Afin de consacrer cette époque d'al-
légresse, Alexandre voulut acquitter
les dettes de son armée; et pour met-
tre chacun à son aise, il établit des
bureaux qui avaient ordre de payer
sans prendre le nom du créancier ni
du débiteur. Cette libéralité fut con-
sidérable et causa un sensible plaisir:
on dit qu'elle montait à près de dix
mille talents (55 millions); mais la
faveur qu'il fit de n'obliger personne
à déclarer son nom fut encore plus
agréable.
littérature grecque intro-
duite dans la Perse. — Le roi avait
soin de faire représenter des pièces ,
de donner des jeux gymniques, ainsi
que des fêtes musicales dans tous les
lieux qu'il visitait. Convaincu qu'elles
adoucissaient les mœurs des barbares,
il résolut de répandre en Asie les amu-
sements du théâtre grec. A cet effet,
281
monde était fondé sur in croyance
d'un état meilleur et durable après la
"tort. En voyant passer Alexandre,
'« avaient coutume de frapper forte-
ment du pied contre la terre, indi-
quant par là que lui, dont le nom
Emplissait le monde, serait bientôt
confiné dans un étroit tombeau. Les
j'atteurs du roi leur reprochaient, en
le.s menaçant, d'insulter le fils de Ju-
P'ter. Ils répondaient que tous les
'tommes étaient fils d'un seul et même
Dieu; qu'ils méprisaient les faveurs
de leur maître, et bravaient ses châti-
ments, qui ne pouvaient que les dé-
>*vrer d'une enveloppe mortelle.
, Malgré ces dédains, Calanos, qui
ct.ait un de ces gymnosophistes, s'était
déterminé à suivre Alexandre ; il en
Jrt bien traité. Mais comme il entrait
"ans sa quatre-vingt-troisième année,
rtant tombé malade, chose qui ne lui
était jamais arrivée, il prit la résolu-
f'°n de mettre fin à ses jours. En vain
? roi le conjura de renoncer à ce
dessein ; il dut lui permettre de faire
élever un bûcher, sur lequel il voulait
consommer son holocauste. Avant l'ac-
c°mplissement de cette cérémonie, il
reÇut les visites d'adieu de ses amis,
mais il refusa de prendre congé d'A-
'exandre, en disant qu'il le reverrait
f.llabylone. Calanos fut porté en li-
tière au lieu du sacrifice, à la vue de
' armée macédonienne, qui avait ordre
d assister à cette solennité. II s'arran-
gea sur le bûcher; la musique se fit
''"tendre, les soldats poussèrent le cri
de guerre, et l'Indien , après avoir
°dressé un hymne à ses dieux indi-
gnes, expira tranquillement au milieu
des flammes. Ce fut à cette occasion
^"'Alexandre, comme on l'a dit précé-
demment , proposa des prix d'intem-
pérance aux premiers buveurs de son
camp.
FÊTES NUPTIALES.
Alexandre trouva à Suzc toutes les
captives de qualité qu'il y avait lais-
ses. Il épousa la princesse Statvra ,
5 le aînée de Darius, et Parysatis,
u"c puînée d'Ochos; ainsi il eut en
même temps trois femmes, car il était
déjà marié avecRoxane.Voulantqu'Hé-
phestion,son ami le plus tendre, devînt
son beau-frère, il lui donna pour épouse
Drypatis, la plus jeune des filles de
Darius; il unit Cratère à Amastris,
fille d'Oxyarte; enfin il distribua les
autres filles persesou mèdes aux quatre-
vingts principaux officiers de son ar-
mée. Il voulut célébrer, à cette occa-
sion, les noces de neuf ou dix mille
Persanes qui s'étaient mariées ou qui se
marièrent/alors avec des Macédoniens ;
il paya la dot des filles, et donna à
chaque convive une coupe d'or pour
faire des libations : les noces furent
célébrées à la manière des Perses.
Le banquet qu'Alexandre donna à
son état-major avait été préparé dans
une tente supportée par des colonnes
de vingt coudées de haut, revêtues
d'or , d'argent, de pierres précieuses ;
elle était, en outre, décorée de tapis-
series de pourpre tissues d'or. Les
fêtes durèrent cinq jours consécutifs ;
les histrions et les musiciens les plus
célèbres y figurèrent avec éclat. Les
couronnes d'or, dont les envoyés des
différentes villes et quelques parti-
culiers firent hommage au roi, fu-
rent évaluées à quinze mille talents
(82,500,000 fr. )
Afin de consacrer cette époque d'al-
légresse, Alexandre voulut acquitter
les dettes de son armée; et pour met-
tre chacun à son aise, il établit des
bureaux qui avaient ordre de payer
sans prendre le nom du créancier ni
du débiteur. Cette libéralité fut con-
sidérable et causa un sensible plaisir:
on dit qu'elle montait à près de dix
mille talents (55 millions); mais la
faveur qu'il fit de n'obliger personne
à déclarer son nom fut encore plus
agréable.
littérature grecque intro-
duite dans la Perse. — Le roi avait
soin de faire représenter des pièces ,
de donner des jeux gymniques, ainsi
que des fêtes musicales dans tous les
lieux qu'il visitait. Convaincu qu'elles
adoucissaient les mœurs des barbares,
il résolut de répandre en Asie les amu-
sements du théâtre grec. A cet effet,