io Mémoires
Nous convînmes encore avec M. le
Duc, que Monsieur son fils prendroit le
nom de Marquis de Rosemont, au lieu
de celui qu’il portoit, pour demeurer in-
connus à ceux à qui nous voudrions l’ê-
tre. Je me fis appeller simplement Mon-
sieur de Renoncour. Aïant pris ainfi nos
mesures , nous n’attendîmes plus pour
partir que la chaise qui devoit nous con-
duire , deux laquais que M. le Duc fit
venir de Paris, & des Lettres de change
pour des Banquiers de differentes villes.
Ma fille vint me dire adieu dans cet in-
tervalle. Nôtre réparation ne se fit point
sans larmes. Cette chère fille me fit mil-
le reproches sur ma résolution ; mais c’é-
toit une affaire finie. Nous prîmes enfin
3e chemin d’Orléans, suivis de trois va-
lets à cheval, car Scoti voulut être aussi
du voïage. Il étoit encore plein de vi-
gueur & de santé, malgré ses soixante-
quatre ans.
Je laisse aux Géographes, & à ceux
qui ne voïagent que par curiosité , le
soin de donner au Public la description
des païs qu’ils ont parcourus. L’Histoire
que j’écris n’est composée que d’aétions
& de sentimens. J’entreprens de rappor-
ter ce que j’ai fait, & non ce que j’ai
vu. Les coeurs sensibîes, les esprits rai-
sonnables ; tous ceux en un mot, qui
Nous convînmes encore avec M. le
Duc, que Monsieur son fils prendroit le
nom de Marquis de Rosemont, au lieu
de celui qu’il portoit, pour demeurer in-
connus à ceux à qui nous voudrions l’ê-
tre. Je me fis appeller simplement Mon-
sieur de Renoncour. Aïant pris ainfi nos
mesures , nous n’attendîmes plus pour
partir que la chaise qui devoit nous con-
duire , deux laquais que M. le Duc fit
venir de Paris, & des Lettres de change
pour des Banquiers de differentes villes.
Ma fille vint me dire adieu dans cet in-
tervalle. Nôtre réparation ne se fit point
sans larmes. Cette chère fille me fit mil-
le reproches sur ma résolution ; mais c’é-
toit une affaire finie. Nous prîmes enfin
3e chemin d’Orléans, suivis de trois va-
lets à cheval, car Scoti voulut être aussi
du voïage. Il étoit encore plein de vi-
gueur & de santé, malgré ses soixante-
quatre ans.
Je laisse aux Géographes, & à ceux
qui ne voïagent que par curiosité , le
soin de donner au Public la description
des païs qu’ils ont parcourus. L’Histoire
que j’écris n’est composée que d’aétions
& de sentimens. J’entreprens de rappor-
ter ce que j’ai fait, & non ce que j’ai
vu. Les coeurs sensibîes, les esprits rai-
sonnables ; tous ceux en un mot, qui