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https://doi.org/10.11588/diglit.29221#0016
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Mémoires
malgré l’air de douceur qui paroisToit
dans ses yeux & sur son visage, il avoit
les pallions fort vives; & que s’il aimoit
ïa liberté, c’étoit pour les satisfaire. Cet-
te découverte ne m’allarma point, je haïs
au contra:re l’indolence dans la jeunesse,
& je suis persuadé, que la grandeur de
l’ame suppose de grandes pallions ; l'im-
portance est de les tourner à la vertu.
Ce qui me ralsuroit encore dans le
JMarquis, c’est qu’avec une vivacité ex-
trême , & un cœur tel que je me l’ima-
ginois, il avoit du moins un fond de rai-
son, qui lui faisoit goûter une réssexion
solide. J’afFectois d’en mêler quelques-
unes à son récit, & je voïois que loin
d’en être embarralsé il y ajoûtoit les ben-
nes, en homme qui est déjà accoutumé
à penser. Sa franchise me plût aussi
beaucoup. Je découvris bientôt le fond
de son ame , & huit jours d’habitude
m’apprirent à demêler ss bien ses senti-
mens, que je l’aurois défié d’avoir quel-
que chose de reservé pour moi. Il est
vrai , que les manières tendres & préve-
nantes que je pris avec lui, m’attirèrent
facilement sa confiance; j’ellimai qu’il
valoit mieux commencer ainsi par l’ami-
tié , étant sûr de faire naître le respeét
quand il en seroit tems. Le partage du
respeét à la tendresse est moins facile,
Mémoires
malgré l’air de douceur qui paroisToit
dans ses yeux & sur son visage, il avoit
les pallions fort vives; & que s’il aimoit
ïa liberté, c’étoit pour les satisfaire. Cet-
te découverte ne m’allarma point, je haïs
au contra:re l’indolence dans la jeunesse,
& je suis persuadé, que la grandeur de
l’ame suppose de grandes pallions ; l'im-
portance est de les tourner à la vertu.
Ce qui me ralsuroit encore dans le
JMarquis, c’est qu’avec une vivacité ex-
trême , & un cœur tel que je me l’ima-
ginois, il avoit du moins un fond de rai-
son, qui lui faisoit goûter une réssexion
solide. J’afFectois d’en mêler quelques-
unes à son récit, & je voïois que loin
d’en être embarralsé il y ajoûtoit les ben-
nes, en homme qui est déjà accoutumé
à penser. Sa franchise me plût aussi
beaucoup. Je découvris bientôt le fond
de son ame , & huit jours d’habitude
m’apprirent à demêler ss bien ses senti-
mens, que je l’aurois défié d’avoir quel-
que chose de reservé pour moi. Il est
vrai , que les manières tendres & préve-
nantes que je pris avec lui, m’attirèrent
facilement sa confiance; j’ellimai qu’il
valoit mieux commencer ainsi par l’ami-
tié , étant sûr de faire naître le respeét
quand il en seroit tems. Le partage du
respeét à la tendresse est moins facile,