du Marqjms de *** 41
je , en l’embrassant avec tendresse , pre-
nons nôtre malheur en gens d’honneur ,
& en Chrétiens. Pleurons ensemble la
charmante Diana , mais respectons le Ciel
en la pleurant; & méritons par une dou-
leur si juste & si soûmise , que Dieu lui-
même nous consoie.
Je ne sai s’il saisoit quelque attention
à mon discours. Il avoit la moitié du
visage appuïée fortement contre son oreil-
ler, les yeux fermés, quoique j’en vis-
se couler incessamment un ruisiseau de
larmes; & ses mains, que je tenois, trem-
bloient quelquefois avec beaucoup de
violence par un effet de la vive agitation
de tous ses esprits. Vous ne me répon-
dez rien, repris-je d’un ton plus trille ;
je vois bien que vous n’avez plus d’a-
mitié pour moi , & que vous voulez me
faire mourir moi - même de chagrin. Il
ouvrit les yeux à ce reproche. Ah ! me
dit-il , je vous aime toujours ; mais mon
désespoir n’est-il pas bien juste? que fe-
rai-je de la vie, si vous ne me permet-
tez pas de mourir ? vous devriez me don-
ner la mort par compassion. Si vous me
la refusez, ma douleur me la donnera
bien sans vous. Je lui proposai de quit-
ter le lieu funeste où nous étions. Il me
répondit, que tout lui étoit indifferent,
que par tout où nous irions il sauro.it bien
trouver
je , en l’embrassant avec tendresse , pre-
nons nôtre malheur en gens d’honneur ,
& en Chrétiens. Pleurons ensemble la
charmante Diana , mais respectons le Ciel
en la pleurant; & méritons par une dou-
leur si juste & si soûmise , que Dieu lui-
même nous consoie.
Je ne sai s’il saisoit quelque attention
à mon discours. Il avoit la moitié du
visage appuïée fortement contre son oreil-
ler, les yeux fermés, quoique j’en vis-
se couler incessamment un ruisiseau de
larmes; & ses mains, que je tenois, trem-
bloient quelquefois avec beaucoup de
violence par un effet de la vive agitation
de tous ses esprits. Vous ne me répon-
dez rien, repris-je d’un ton plus trille ;
je vois bien que vous n’avez plus d’a-
mitié pour moi , & que vous voulez me
faire mourir moi - même de chagrin. Il
ouvrit les yeux à ce reproche. Ah ! me
dit-il , je vous aime toujours ; mais mon
désespoir n’est-il pas bien juste? que fe-
rai-je de la vie, si vous ne me permet-
tez pas de mourir ? vous devriez me don-
ner la mort par compassion. Si vous me
la refusez, ma douleur me la donnera
bien sans vous. Je lui proposai de quit-
ter le lieu funeste où nous étions. Il me
répondit, que tout lui étoit indifferent,
que par tout où nous irions il sauro.it bien
trouver