Pujol de Mortry, Alexandre Denis Joseph; Pujol de Mortry, Alexandre Denis Joseph [Editor]: [Galerie historique universelle] ([Band 2]) ([Paris], 1789)

airs de tête de ses figures inimitables, une finesse
d’expression surprenante, les plis de ses drape-
ries coulans. Un beau fini qui fait son effet de
loin , un relief, une rondeur, un accord , et une
union parfaite , régnent dans tout ce qu’il a fait.
Ses ouvrages ont étonné tous les peintres de son
temps, ainsi que ceux qui les ont suivis. Jules Ro-
main disoit que les carnations du Corrège étoient
si sraîches, que ce n’étoit point de la peinture ,
mais de la chair : aussi peignoit-il d’après nature ,
sans souvent faire de dessin. 11 disoit que sa pen-
sée étoit au bout de ses pinceaux. Il n’a manqué
à notre artiste, pour devenir le premier peintre
du monde , que de sortir de son pays : s’il avoit
vu les chefs-d’œuvre des grands maîtres , s’il
avoit connu l’antique, son dessin seroit devenu
plus correct, et ses contours auroicnt été plus pro-
noncés et plus coulans. A la vue d’un tableau de
Raphaël, il s’écria : Anch’ io son pittare ! » Et
»> moi aussi je suis peintre ! « Aucun artiste n’a
eu plus de droit que lui d’en convenir : il est le
premier qui ait représenté des figures en l’air,
et il est celui qui a le mieux entendu l’art des
raccourcis, et la magie des plafonds. Les princi-
paux ouvrages du Corrège sont à Parme et à
Modène. Ses tableaux de chevalet sont rares, et
ses dessins encore plus. Le prix modique qu’il
mettoit à son travail, et la générosité avec la-
quelle il assistoit les malheureux , le firent vivre
et mourir dans l’indigence.
Les graveurs du Corrège sont en grand nombre.
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