Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0123

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
78 LE JUPITER OLYMPIEN.

dans l'emploi qu'on en fait. Martial le prend dans son vrai sens, lorsqu'en parlant de
travaux sur métal, il dit : Nullum Phidiaci toreumacœli Cï). — Artis Phidiacœ loreuma cla-
rum; et il le prend dans un sens détourné, quand il l'applique aux ouvrages de verre et de
terre cuite : Nos sumus audaces plebeia toreumata vitri, — Sed surrentiiiœ levé toreuma
rotœ.

Quelque fréquents- que puissent être les abus de ce mot, il n'en faut rien conclure
contre sa vraie signification ; car dans le nombre de ces abus, sur-tout chez les poètes,
il y en a qui tiennent aux licences de la métaphore. C'est ainsi que nos mots ciselure et
gravure, qui correspondent plus ou moins au mot toreutique, et sont élémentairement
affectés au travail sur métal, se trouvent assez fréquemmént appliqués a d'au très travaux
et à d'autres matières. Les exemples de cette sorte de métaphore sont trop communs pour
qu'on les rapporte.

Le mot cœlatura, dans le latin, est, comme on l'a déjà dit, la traduction du mot toreutice.
Rien de plus précis que sa définition par Quintilien : Cœlatura, dit-il, quœauro, argento, œre,
ferro opéra efficit (2). Voilà bien ce que j'appellerai la sculpture sur métaux. Mille autorités
viennent à l'appui de cette notion. Pline l'a confirmée par une mention expresse. Cepen-
dant cet écrivain si bien instruit sur cet objet, et qui a fait un chapitre de cœlatura, a
employé ce même mot de la façon la plus impropre, si l'on consulte le vrai sens de tous
les mots synonymes de sculpture. Dans un endroit, en parlant de frontons ornés de figures
en terre cuite, il les appelle fastigia mira cœlatura (3) ; et ailleurs il use du mot cœlavere,
en parlant des travaux en marbre du tombeau de Mausole (4) De même l'instrument du
cœlator, cœlum, qui, comme on l'a vu, correspond au toros du toreutes, et par conséquent
ne doit s'appliquer qu'au métal, est employé par Stace au lieu du mot scalptrum, pour

parler du travail des statues de marbre de Praxitèles...... laboriferi vivant quœ marmora

cœlo (5) — Praxitelis.

Que conclure de ceci? Deux choses, ce me semble. L'une, que les abus qu'ont pu faire
les écrivains d'un mot quelconque, ne doivent pas empêcher d'en fixer la véritable accep-
tion, quand, par le secours de l'étymologie, de la synonymie et de l'analogie, on peut
parvenir à comparer la chose exprimée au mot qui l'exprime; l'autre, que c'est par cette
comparaison qu'il faut tenter de rendre au mot toreutique l'ensemble et la totalité des
idées qu'il renfermait, et qu'il faut beaucoup moins chercher la connaissance de la chose
dans celle de tous les emplois du mot en détail, que le sens propre et la signification du
mot par l'intelligence de la chose en général.

C'est ce que nous prouveront encore mieux les efforts infructueux des savants qui, par
la seule érudition des textes, ont tenté d'éclaircir les obscurités de ce sujet.



(i) Mart. 4, 3g. —(2) Quintil. Inst. Orator., lib. XI, cap. 21, 9. — (3) Plin., lib. XXXV, cap. 12. —(4) Plin.,
lib. XXXVI, cap. 5. — (5) Stac. Sylv., lib. IV. Hercul. Epitrapez.
 
Annotationen