Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0158

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
DE LA TOREUTIQUE. IF PARTIE. n3

beaucoup moins de ses ouvrages en or et ivoire que des autres. Ce n'est pas que la plupart
de ces riches monuments n'eussent été propres à tenter la cupidité du peuple conquérant;
mais, dune part, c'étaient des simulacres révérés et consacrés dans leurs sanctuaires par
une antique dévotion; de l'autre, leur dimension colossale et leur structure inconsistante
en eussent rendu le déplacement presque impossible. Cela explique comment la Grèce,
même au temps de Pausanias, avait conservé en si grand nombre ces chefs-d'œuvre de
Part, et pourquoi ce genre de luxe ne parait pas avoir eu une aussi grande faveur à Rome.
Mais la cupidité des grands, la manie des curiosités, et la facilité du transport, y avaient
fait abonder cette autre partie de la toreutique grecque, qui consistait en meubles, en
candélabres, en objets de luxe, en vases, en orfèvrerie et en vaisselle. C'est pour cela
que Pline a fait mention de tous ces produits de l'art des Grecs dans son livre des métaux
et de la sculpture sur métaux, qui est le trente-troisième. Vodà pourquoi la cœlatura
argenti y trouve place, et voilà encore pourquoi les notions relatives aux toreuticiens et
aux cœlatores, se trouvent partagées entre le livre trente-troisième et le trente-quatrième,
où il cite, avec les statuaires en bronze, plusieurs cœlatores. [Voy. le Paragr. suiv.)

Il me semble, en second lieu, que l'omission dont il s'agit, se trouve en partie expliquée
déjà, par ce qu'on a dit de l'époque d'où Pline est parti dans ses renseignements historiques
de l'art et des artistes, s'il est vrai que la période de trois siècles qui précéda Phidias, ayant
été particulièrement celle de la toreutique, le point où commence son histoire fut préci-
sément celui qui vit les grands travaux de la statuaria succéder aux entreprises de la
sculpture sur métaux.

Dès que la statuaire en fonte eut acquis toute la facilité, toute la hardiesse, toute la
perfection des procédés mécaniques, d'où dépend l'exécution des plus grandes choses,
il lut naturel que cette division de l'art remplaçât en bien des circonstances les travaux
compliqués et inconsistants de l'autre. En effet, les ouvrages de la toreutique n'étaient
pas susceptibles d'être appliqués à tous les usages publics. Les statues de bois, d'ivoire,
et de métal plaqué, n'étaient guère propres à figurer que dans l'intérieur des édifices, à
1 abri des injures des saisons. La sculpture en statues de fonte, moins dispendieuse, plus
durable, et d'un transport plus facile, peut affronter toutes les intempéries de l'air.
Elle se prête encore à un bien plus grand nombre d'usages pour l'embellissement des
villes. La politique y trouva plus de moyens d'exciter et de satisfaire tous les genres de
passions {Voy. Part. Y, parag. IV). Toutes les ambitions publiques ou particulières lui
demandèrent des monuments ; ad infinitum effloruit, dit Pline (0. Elle offrit encore de nou-
velles ressources pour faire aux dieux des offrandes d'un volume plus considérable. Non-
seulement l'intérieur des temples, mais leurs enceintes, mais leurs bois sacrés, se rem-
plirent de statues de bronze votives.

La toreutique ou la sculpture sur métaux perdit alors tout ce que gagna la sculpture
en statues de fonte, c'est-à-dire la plus importante partie de ses travaux. Elle finit par
être un art d'exception à Rome sur-tout, et elle n'exista plus que dans les souvenirs des
temps passés, ou les écrits de quelques anciens auteurs. Les statuaires enfin furent bien
quelquefois toreuticiens, mais de la même manière que les plus célèbres toreuticiens
■avaient autrefois réuni les connaissances et la pratique de la statuaria, de la manière en
ttn mot dont Phidias l'avait fait ainsi que Polyclète.

(0 Lib. XXXIV.

29
 
Annotationen