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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0212

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. IIIe PARTIE.

163

PARAGRAPHE IV.

De l'ivoire; — du prix de cette matière chez les anciens ; — de son emploi dans la sculpture

aux premiers siècles de Part.

L'ivoire, avant d'être appliqué à l'imitation du eorps humain, soit en bas-reliefs, soit
en statues et en colosses, exerça long-temps le goût des artistes dans cette multitude
d'objets de luxe et d'ornements, que l'ingénieuse industrie ne manque jamais de présenter
à la vanité des riches et des grands, toujours avides de ce qui est rare, plus encore que de
ce qui est beau, parce que le privilège des choses rares est de paraître une distinction à ceux
qui les possèdent. Mais la matière dont il s'agit eut l'avantage d'offrir au luxe la beauté et
la rareté réunies. Inférieure au marbre pour la blancheur et l'étendue des morceaux, elle
l'emporte sur lui par la beauté du poli, et par la propriété d'être moins frangible, propriété
due à ce que l'ivoire est une substance animale qui a un vrai tissu, lorsque la nature de la
pierre est d'être une aggrégation. Je ne dirai rien de plus ici sur cet objet, parce que je
me propose d'en traiter exprès, lorsque je parlerai du travail mécanique de la statuaire en
ivoire (0.

On aurait beaucoup plutôt fait de nombrer parmi les ouvrages de goût et d'industrie
des anciens, ceux où l'ivoire n'entra point, que de rendre compte de ceux dont cette
matière faisait le prix ou l'agrément. L'ivoire parait avoir tenu lieu, dans les édifices, et de
marbres et de bois précieux. On l'employait, dès les temps les plus anciens, à former ce
que nous appelons aujourd'hui revêtement et marqueterie, soit dans l'architecture, soit
dans l'ameublement. David parle de palais d'ivoire, domibus eburneis (ps. 44? v- 9)- Nous
trouvons cette épithète donnée à des temples (2) par les poètes, ce qui ne peut s'entendre que
de l'application faite de lames d'ivoire aux revêtements intérieurs des murs. Ainsi, dans
l'Odyssée, le palais de Ménélaùs est tout brillant d'or, d'argent et d'ivoire, xpu(îo5 ^ iSX&Tpou Te
m\ àpyufou Tïà' &éipavToç (3) Depuis que les bois rares eurent trouvé place dans les palais, l'ivoire
fut employé pour y briller par le contraste de sa couleur : on l'y incrustait en com-
partiments ; lignumque ebore distingui, mox operiri (4), dit Pline, et c'est à cet usage que fait
allusion la comparaison de Virgile : Quale per artem (5) inclusum buxo, aut oriciâ terebintho,
lucet ebur.

L'ivoire constitua les ornements distinctifs de la dignité royale chez les plus anciens
peuples. L'antiquité ne parle que de sceptres et de trônes d'ivoire. Tels étaient, selon Denis
d'Halicarnasse (6), les attributs de la royauté chez les Étrusques. A leur exemple, Tarquin
eut le trône et le sceptre d'ivoire. Le sénat de Rome, après la retraite de l'armée Tyrrhé-
nienne, résolut d'envoyer à Porsenna un trône d'ivoire : et de cette matière étaient encore
les sièges dont les magistrats de Rome usaient au temps des rois (7).

L'ivoire servit à faire les lyres, les ceinturons, les chars, les harnois de chevaux, les
lits, les pieds de table, et tous les genres de meubles. Pline a embrassé en deux mots toute

(1) V. Part. 6,Parag. — (a) Proper., lib. IV, eleg. 2, 5. — (3) Odyss., lib. IV, v. 73. — (4)Plin., lib. XVI,
cap. 43. — (5) Virgil., AEneid., lib. X, v. i35. — (6) Dionys. Halic., lib. III, cap. 18. — (7) Id. , lib. V, cap. 4.
 
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