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Quatremère de Quincy, Antoine Chrysostôme
Le Jupiter olympien ou l'art de la sculpture antique — Paris, 1815 [Cicognara, 285; 2499]

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https://doi.org/10.11588/diglit.6109#0308

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DE LA STATUAIRE CHRYSÉLÉPHANTINE. IVe PARTIE. 247

conformation de nos sens, c'est blâmer l'art de procéder dans ses ouvrages comme la nature
procède dans les siens. Ainsi le statuaire ne peut pas plus que l'architecte faire apprécier
du même point, l'effet de la masse entière d'un colosse, et celui de ses détails d'ornement.
Rejeter un de ces effets, parce que tous les deux ne peuvent se produire a-la-fois, est
un système sans raison; les vouloir tous deux ensemble, serait une prétention contre
nature : par conséquent on doit dire que, comme cette réunion d'effets est impossible, le
défaut dont on se plaint est imaginaire.

Après avoir examiné la question sous son rapport théorique, il resterait à montrer encore
que ces raisons de goût, qui sont aujourd'hui celles auxquelles on a l'habitude de tout
subordonner en fait d'art, ne furent autrefois sur l'objet dont il s'agit, ni les seules, ni les
plus déterminantes. Si les arts d'imitation surent s'affranchir en Grèce des chaînes de la
routine religieuse, la religion ne leur en imposa pas moins l'obligation de la servir. La
sculpture cessa bien d'être écriture, mais ce fut à condition de remplacer le signe des
objets par leurs images allégoriques : elle se trouva donc assujétie à remplir plus d'une
sorte de fonction religieuse, et la j)lus importante en ce genre était peut-être de devenir
l'interprète de toutes les sortes de croyances sacrées, ou de traditions théogoniques. Un
ouvrage tel que la Minerve du Parthénon devait offrir au spectateur, non pas seulement
ce que nous en exigerions aujourd'hui, je veux dire un ensemble de rapports capables
de plaire au goût, mais un ensemble de faits mythologiques propres à graver dans l'esprit
l'histoire des dieux.

Tels étaient, par le genre de leur sculpture et la nature de leur composition, les
grands ouvrages de la statuaire chryséléphantine, ouvrages qui, après avoir tenu le pre-
mier rang jadis dans l'opinion des Grecs, n'ont pu jusqu'ici occuper la moindre place
dans l'imagination des modernes. Car, comme on l'a dit (0, les médiocres restes que nous
possédons de la sculpture en marbre des anciens, sont à peine capables de retracer quel-
ques idées ou quelques souvenirs de cette manière d'employer les ouvrages de l'art.

Si pourtant il est naturel de supposer que plus d'une figure en marbre fut jadis la
répétition de plus d'une statue d'or et d'ivoire; et si, comme je l'ai remarqué [voyez
Paragr. IV ), cette origine se présume d'après le caractère de la composition, et ce goût de
détails qui fut propre à la toreutique, je soupçonne qu'on pourrait encore faire l'appli-
cation de ce genre de conjecture à la Minerve en marbre de Dresde, que j'ai rangée (Pl. I,
fig. 7) parmi les figures supposées de l'école d'Egine. Cette Minerve a une particularité
tout-à-fait analogue à l'usage auquel les statues étaient souvent assujéties. Sa draperie
supérieure, ajustée selon le genre que j'ai décrit (Partie I, paragr. IV), présente, dans sa
chute perpendiculaire, un pli fort large, dont la surface est divisée en onze comparti-
ments carrés longs, où 1 artiste a sculpté en bas-reliefs les combats des Dieux contre les
Géants. Le savant commentateur de cette statue 0) suppose que ces sujets sont figurés
sur le vêtement de Minerve, en commémoration du célèbre péplos, qu'on portait dans
la fête des Panathénées, et sur lequel on avait autrefois représenté le même combat ; il va
jusqu'à croire que Minerve est vêtue ici de ce péplos même. Rien sans doute n'est mieux
imaginé, bien qu'on soit libre encore de croire que le sculpteur de cette statue, dont le
style se dénote comme étant du siècle qui précéda Phidias, n'avait fait que suivre une

(l) Disc, prélim. — (2) Augusteum Dresden's, pag. 72, 73 et suiv.
 
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